L'année dernière, dès janvier, j'avais trouvé mon film préféré de l'année : Take Shelter de Jeff Nichols (ex-aequo avec Moonrise Kingdom). Même si d'autres films étaient très bons durant le reste de l'année, aucun n'atteignait la subtilité, la sensibilité, la poésie de ce Take Shelter. Cette année aussi, je pense que j'ai déjà trouvé mon film préféré pour 2013 : Ce Django Unchained est une vraie claque à tout ceux qui doutaient du nouveau Tarantino, moi le premier. Aucun autre film cette année n'atteindra la tension, l'esthétique, l'interprétation et l'ambiance jouissive de Django.
Et moi, grand Tarantinophile, j'avais douté du dernier né du "mec le plus cool de la planète". La bande annonce ne m'avait pas autant convaincu que ses précédents métrages. Technique marketing pour suggérer plus que ne montrer ou bande-annonce foirée ? Je ne sais pas. Qu'à cela ne tienne j'ai été d'autant plus surpris, plus impliqué, plus concentré, plus comblé par cet ode au western, genre si fidèle à ce réalisateur qui a mis du temps avant de s'y consacrer pleinement.
C'est un film indescriptible, il se doit d’être vécu dans une salle de cinéma. La bonne ambiance du public qui riait nerveusement aux petites touches d'humour noir de Tarantino, ça crée un effet et ça ne fait que me donner l'impression que Tarantino a tout compris. Il a su allier l'esthétique travaillé du cinéma d'auteur et l'aspect divertissement à même de plaire aussi bien au grand public, qu'au féru du cinéma indépendant et d'art et d'essai. La moyenne actuelle de SensCritique le montre bien (8.2/10).
Mais alors qu'est-ce qu'il a de si spécial ce Django Unchained ?
Absolument tout. un montage hors-norme, rythmé et très posé, où des longs plans séquences n'enlèvent en rien un caractère bien trempé où la tension est sans cesse présente. La scène du repas dans le Manoir de Candy est une séquence monstrueuse. Les personnalités se révèlent, la tension est palpable, les visages sont impassibles et là un geste, un seul geste et tout s’enchaîne, le film prend une autre dimension et revient à l'amour de Tarantino pour les effusions de sang et les gunfights dantesques. On a là un final d'anthologie.
Mais avant, il y a un hommage incroyable au western. Tout y passe : Le shérif, les dialogues, l'aspect badass, les frères recherchés par la justice, les "wanted : Dead or Alive", etc. Mais surtout à la manière d'Inglourious Basterds qui était une sorte d'adaptation de la vengeance des juifs, Django c'est la revanche d'un peuple d'esclaves envers leurs "maîtres". C'est une ode à la liberté, tout simplement. Tellement historique, Tarantino remet au goût du jour une période pas vraiment glorieuse de l'histoire des Etats-Unis.
Et puis, tout ça est servi par une pléiade d'acteurs irréprochables, des monuments d'émotions qui te font aimer le cinéma. C'est bien simple, Christoph Waltz est un chasseur de primes allemand charismatique, mauvais joueur mais délirant. Leonardo Dicaprio est un grand malade, dans un rôle complètement en décalage avec sa filmographie passée et future, Samuel L. Jackson grandiose en collabo serviteur et gardien d'esclave, et enfin Jamie Foxx vraiment bon dans ce personnage d'esclave vengeur. On a quelques bons caméos et la séquence des membres du KKK sur les chevaux est d'une saveur inégalable et d'un humour ravageur.
Et puis que serait un film de Tarantino sans une BO exceptionelle !! Ennio Morricone, James Brown & Tupac, Rick Ross, etc. Tarantino est un passionné et ça se sent, et surtout ça s'apprécie !!
Bref ! Django Unchained c'est un film ultra-rythmé et très travaillé esthétiquement qui font de ce film le mix parfait entre le cinéma d'auteur et le grand public. C'est un Grand Tarantino qui nous revient après 4 ans, et une relecture de la seconde guerre mondiale jouissive, Et s'il faut attendre 4 ans pour avoir des films de la veine de Django, alors j'espère revoir Tarantino en 2017, avec un film qui touchera peut-être au film de gangster, genre qu'il n'a jamais réellement touché.