Je ne m’en suis jamais cachée, même lorsqu’une pluie de pierres s’abattait sur moi : je n’ai jamais vraiment apprécié Tarantino. Et quand je dis « apprécié », j’entends en termes tarantinomaniaques. Car oui, étrangement, depuis son excellent Pulp Fiction, Tarantino n’est pas un réalisateur que l’on aime, non, on l’adule et on le génialise (tant pis si ce mot n’existe pas). Ses films sont attendus comme l’hostie du dimanche. Pourtant quand je vois un de ses films, je serre toujours un peu les dents. J’anticipe les jets de pierres et les regards assassins de ses disciples. Ne riez pas, j’ai failli perdre une copine comme ça, à la sortie de Kill Bill.
Avec Inglorious Bastards, il a su me faire mentir. Adieu les bavardages à n’en plus finir et les effets sans âme. Son Django suit le même chemin, plus soigné, moins bordélique, les hommages y sont plus subtils et utilisés à sa sauce. Le Tarantino 2013 s’est affiné, il a pris du plomb dans la tête sans pour autant s’empêcher de partir en vrille parfois mais avec un réel talent et un plaisir communicatif. Des explosions sanguinolentes de gouache rouge sur fond de rap ? Il a osé et ça marche !
Côté casting, comme d’habitude chez Tarantino, c’est un sans faute, la crème de la crème. Un Leo comme on les aime qui sait mieux que quiconque piquer des crises, un Jamie Foxx surprenant d’allure dans des costumes taillés pour lui et surtout un Christoph Waltz électrisant à la fois drôle et percutant, évoluant ici comme chez lui, comme si le plateau était sa maison. Christoph Waltz en anglais, en français ou en allemand… Aucune langue ne lui résiste.
Finalement, là où le bât blesse dans Django, comme dans de nombreux films de Tarantino, c’est le scénario. C’est bien simple, il n’y en a quasiment pas et cela manque cruellement car le film en perd en consistance et en tension dramatique.
Dans le fond, c’est fou comme Tarantino peut être un très beau parleur mais qu’il persiste, avec une ironie frustrante, à tourner des films où il n’a rien à dire.