Django Unchained ou comment faire d’un film une œuvre subversive, intelligemment mise en scène, parfaitement maitrisée et étonnamment sensible.
Toute la beauté de cette œuvre réside dans ce parfait mélange entre le grave et le léger, entre le drame et la comédie, entre la culpabilité et le plaisir coupable, entre l’inmontrable et la surexposition, entre le mauvais goût et le génie. Le film évolue sans cesse autour de la limite entre la gravité et l’horreur du sujet exposé, et entre l’humour noir et le cynisme avec lequel ce sujet est parfois abordé. Mais le film ne dépasse jamais cette limite ; il s’évertue au contraire à la frôler, à la défier. Les deux tonalités se rencontrent, s’affrontent pour mieux se sublimer entre elles.

Coups de cœur :

- Les acteurs : ils sont tous très bons. Christoph Waltz et DiCaprio sont d’une justesse déroutante. Waltz est y drôle, intelligent, mutin et perspicace. DiCaprio, lui, a su donner à son personnage toute son ambigüité ; un vrai dandy pourri, finalement empreint d’une certaine naïveté et insouciance, qui loin de l’excuser donnent au contraire une certaine profondeur à son personnage. Personnalité complexe et intéressante de par sa froideur candide, il est assez énigmatique. Quant à Jamie Foxx, il est assez plaisant dans son rôle d’homme torturé et prêt à tout pour sauver sa belle ; la dualité qui fait rage en lui, sa sensibilité et sa candeur, qu’il a su porter à l’image, lui confère un caractère particulièrement attachant et touchant. Samuel L. Jackson est particulièrement intriguant et insuffle à son personnage un côté incroyablement cruel et froid, amplifié par l’apparente sympathie qu’il affiche.

- La musique : jouissive. Les morceaux sont particulièrement bien choisis. Que ce soit en accord avec l’atmosphère du film ou en décalage plus ou moins marqué, la musique fait toujours mouche : elle nous touche en plein cœur.


Coups d’éclat :

La scène où l’un des Brittle se fait descendre dans le champ de coton : l’image des branches de coton aspergées de sang est tout simplement sublime et éminemment bien pensée. Le coton, symbole de douceur et de pureté et le sang, se mêlent en un plan particulièrement bien filmé et esthétique : la blancheur virginale de la fleur de coton se retrouve entachée par le sang d’un malfrat… c’est la fin d’une certaine innocence, à l’image d’une vierge dépucelée, le personnage de Django, dans cette scène, exerce sa vengeance pour la première fois. C’est alors le début de sa quête salvatrice.

La scène chez Calvin Candie, avec le crâne du vieux Ben : cette scène est d’une intelligence remarquable. Elle est sombre dans son propos, mais lumineuse dans son esthétique. Candie est au summum de sa cruauté, et son apparente sérénité en amplifie le trait. Cette scène est l’une des plus violente de par son propos ; on voit ici toute l’horreur du personnage de Candie, reflet de la société de cet époque, qui tente de justifier scientifiquement cette ségrégation noirs/blancs et de prouver la supériorité d’une race sur une autre.

Coup de gueule :

La scène des sacs mal troués, même si elle est sympathique semble en dessous du reste. On sourit, mais l’humour est plutôt lourd ici. Dans un film où l’humour noir et le cynisme règnent, c’est assez de mauvais goût. De plus, narrativement parlant, cette scène n’apporte pas grand-chose à l’intrigue. Elle n’est donc pas franchement nécessaire, si ce n’est qu’elle met en évidence l’ingéniosité des deux chasseurs de primes et la stupidité des Blancs. Peut-être un peu trop facile.
Heavy
8
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le 23 janv. 2013

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