Gatsby, le Magnifique…déjà rien que dans le titre traduit, ça pêche. Passer de The Great Gatsby à Gatsby, Le Magnifique, c’est déjà presqu’un crime en soi. Pourquoi ? Le titre original anglais transmet l’idée de grandeur, que la traduction française réduit à une simple idée d’esthétisme. Gatsby n’est pas magnifique, il est grand. Sa vie n’est pas belle, elle est toute en démesure.
L’idée de grandeur implique quasiment irrémédiablement l’idée de décadence. Et grandeur et décadence coïncident parfaitement avec d’abord, l’époque dans laquelle se situe l’intrigue, et ensuite avec le personnage de Jay Gatsby lui-même.
Donc non, Gatsby n’a rien de magnifique. Il est grand.
Grandeur et décadence, pourraient en effet être les leitmotiv de ce film, Luhrmann nous offrant quelques beaux moments, aussitôt annihilés.
Il semble que le réalisateur se soit finalement plus intéressé à l’aspect esthétique qu’à l’aspect dramaturgique de son œuvre. Au risque en plus de n’être bon ni dans l’un, ni dans l’autre.
Une première partie criarde, agressive visuellement et auditivement, choisissant d’exposer l’outrance, le luxe, l’excès, la débauche et l’impersonnalité comme des thèmes récurrents, enivrants, de façon excessive et donc plus ridicule qu’autre chose. Jusqu’à l’overdose…
Une histoire d’amour pourtant très importante, traitée de façon minimaliste et pas complètement assumée…
Une bande son complètement annihilante de par son caractère anachronique injustifié et son utilisation excessive…
Tendent à faire de ce film, une œuvre bafouée. Luhrmann est passé à côté de ce qui aurait pu être un film absolument magnifique, grand et somptueux.
Heureusement, Gatsby, Le Magnifique a effectivement de magnifique son acteur principal : Leonardo DiCpario. Complètement investi, comme dans chacune de ses performances, il est parfait dans le rôle du dandy millionnaire, amoureux timide, maladroit et finalement touchant. Présenté comme un homme mystérieux, énigmatique, quasiment irréaliste, Jay Gatsby apparaît finalement comme le plus humain de tous. Plus naïf et maladroit qu’autre chose, il se caractérise par sa simplicité et sa sincérité, par son envie d’aimer et d’être aimé. Sur ce point, le film est une réussite : le personnage de Gatsby arrive à nous toucher profondément. Et en cela, oui, Gatsby est magnifique.
Coup d’éclat :
La scène du thé est touchante au plus au point. On sourit de la maladresse du jeune dandy, on s’émeut de cette timidité si touchante et si insoupçonnable, pour finalement découvrir un Gatsby profondément blessé et altéré par cet épisode amoureux vécu cinq ans auparavant. Mais là où Gatsby nous apparaît alors plus humain, Daisy, elle, semble de plus en plus froide et insensible. C’est le point de départ d’une certaine décadence.
Ces retrouvailles qui devaient être une sorte de renaissance, mélange d’espoir et de bonheur pour les deux personnages n’est autre que le début d’une mort annoncée, lente et douloureuse. Et le personnage de Gatsby n’en est que plus touchant.
La scène de la piscine, qui représente finalement la délivrance de Gatsby. Prisonnier de son amour, il s’en trouve alors libéré.