Il y a le cinéma et il y a Tarantino
Dès les premières images on le sent, on le sait, ce sera encore un sacré Tarantino qui sera servit à la fois par un montage impeccable, un rythme maîtrisé, des acteurs superbement dirigés et des dialogues masturbatoires.
Tarantino s'amuse et on s'amuse avec lui, les codes sont réinventés, réinjectés et on est ravi nous aussi de faire, avec lui, un pied de nez à l'Histoire. Si on pensait Tarantino on pourrait aussi penser à Genet, l'éternel provocateur (même si lui n'aimait personne contrairement à Tarantino) qui déclarait ironiquement pendant la guerre d'Algérie "Je suis du côté des algériens parce que je suis toujours plutôt du côté des plus forts". Tarantino défend donc les opprimés, les perdants les faisant devenir d'affreux sanguinaires (la jeune juive qui brûle Hiltler dans "Inglorious Basters" et ici le jeune Django qui est déchaîné dans tous les sens du terme). L'histoire parait au départ classique: deux hommes s'associent dans un même but: retrouver la femme de Django et la racheter pour la libéré (ajoutons qu'elle parle allemand, ça rajoute du piment à la sauce fantaisiste de Quentin Tarantino).
L'homme à la première lettre muette, prenez cela en compte au risque de le froisser le cas échéant, est donc le véritable héros de ce film, une chanson lui est même dédicacé mais les autres ne sont pas en reste et surtout le Docteur Schultz et sa carriole de dentiste encore une fois plus que brillamment interprété par un C.Waltz au meilleur de sa forme. Di Caprio aussi a sa petite heure de gloire dans ce film où les manipulés deviennent manipulateurs et vice-versa avant l'assaut final. Et sur ce point Tarantino se démarque par ces longues scènes de tension (qui avaient, dès la scène d'ouverture, déjà fait la force de son précédent opus) où l'on sait ce qui va se passer, un peu comme dans la leçon d'Hitchcock sur la bombe sous la table. Dès lors tout prend une ampleur gigantesque et les scènes deviennent des petits bijoux d'anthologie. Les apothéoses, les moments de vengeance deviennent jouissif et on se place enfin du côté de Tarantino qui déclare "Le cinéma n'aide pas à tuer, il aide à vivre". Le même qui déclarait "le cinéma n'a pas changer ma vie, il m'en a donnée une". Alors, oui, Tarantino est créateur de vie, modifiant sans cesses les codes, les convenances du cinéma qu'il admire et avec lequel il joue en véritable connaisseur.
Quand cet homme là fait un film, et particulièrement ici, il explose (dans tous les sens du terme d'ailleurs dans "Django unchained") l'écran, les genres, la mort pour la transcender, Django ressemble aux héros immortels d'hier et d'aujourd'hui, ni tout blanc, ni tout noir (excusez le jeu de mots) simplement prêts à tout pour vivre enfin et reprendre ce qu'on leur a volé si longtemps ...