Un film de Tarantino est toujours un évènement . Ce mec a inventé un style qui n'appartient qu'à lui,souvent imité mais jamais égalé, plein de coolitude, de dialogues décalés, de personnages hors normes, de clins d'oeil référencés, de bande son en or massif , de violence , d'hemoglobyne, d'humour au second degré mis en exergue par une vraie virtuosité derrière la caméra comme au montage.
Ill est un des rares realisateurs américains à avoir une liberté totale sur son final cut.
Django est attendu depuis de longs mois par les inconditionnels de Tarantino dont je fais partie.
Comme souvent , Tarantino sait créer le buzz . Depuis le temps qu'il clame son amour pour les westerns spaghettis des deux Sergio , Leone et Corbucci, l'annonce de la mise en chantier de Django a fait monter la pression .
Django étant le fameux mysterieux desperado qui se baladait dans l'ouest sauvage en trainant un cercueil renfermant une mitrailleuse devastatrice dans un film de corbucci de la fin des années 60, et que l'on revit dans plusieurs sequelles.
Le mot remake a forcément tout de suite été prononcé.
Mais comme pour Inglorious Basterds , son film précédent, qui se voulait etre un remake d'un obscur nanard italien dont le titre francais était "Pour une poignée de salopards", c'était une fausse annonce puisqu'au final la livraison de Tarantino n' avait rien à voir avec le film dont il est censé s'inspirer.
Pour Django Unchained, les points communs se limitent d'ailleurs au nom du personnage principal, une apparition clin d'oeil de Franco Nero, et à certains themes de la bande son originale qui sont repris.
Pour le reste Django unchained est juste un film de Quentin Tarantino !!!!!!!
Ce n'est pas un western , mais un southern, voir un film de Blaxpoilation !
Les influences au western spaghetti que l'ont pensait prépondérentes voir envahissantes sont complètement dilluées dans le film et totalement digèrées par Tarantino. Ceux qui attendaient des gros plans,des scènes lentes , des personnages avares de leur paroles en seront pour leur frais .
Dans sa forme, Django est le film le plus sage de Tarantino. Le scénario est linéaire, il n' y a pas d'esbrouffes de mise en scène à la kill bill.
Cela n'empeche pas Tarantino d'imposer dans un univers différent sa marque de fabrique et son outrance.
Django est un esclave noir accompagné par un chasseur de primes aristochrate allemand qui part libèrer sa femme d'une plantation tenue par un propriétaire sudiste psychopathe.
Pendant 2H30, Tarantino livre un film phénoménal . De la rencontre des deux personnages principaux jusqu'à l'affrontement avec le propriétaire terrien, Django est l'un des plus grands westerns de l'histoire .
Les personnages sont exepetionnels et totalement originaux . Christopher Waltz rend une copie aussi savoureuse que dans Inglorious Basterds. Leonardo Di Caprio donne probablement la meilleure interpretation de sa carrière dans le role du dandy psychopate Candy. Samuel Jackson campe un personnage révulsant que l'on adore détester , tout autant qu'il fait froid dans le dos.
Une armada de second roles est au diapason dans laquelle emerge un Don Johnson que l'on avait oublié sur une plage de Miami depuis de nombreuses années.
Finalement , le personnage le moins consistant est peut etre Django ...
La mise en scène, si elle est plus classique qu' à l'acoutumé ne perd rien en virtuosité .Les dialogues, la coolitude et l'humour de Tarantino sont bien là, tout comme une multitude de références qui vont du western américains au western spaghetti, en passant par Blaxpoilation et la bande dessinée franco-belge.
La bande son magnifie le film et ne choque personne même quand on entend un morceau de gangsta rap rythmer des cavaliers dans les paysages du Tenessee.
Au delà de sa marque de fabrique jouissive et cinéphagiste, l'ambition de Tarantino avec django est probablement de dénoncer et de mettre en lumière les atrocités de l'esclavage dans le sud des états unis avant son abolition . C'est un sujet qui n'a quasiment jamais été traité au cinéma . Tarantino s' y attelle avec furie et outrance , quite à malmener le spectateur en ne lui épargant pas la cruauté, la violence d'agissements épouvantables sur lesquels il s'est documenté , et dont il livre un condensé implaquable .
Mais après ces 2h30 exeptionelles , Tarantino semble etre pris d'un "peckinpahite" aigue. Il semble éprouver un besoin vicéral de gunfights et d'hémoglobine éclaboussant tout sur son passage. Des lors le film part dans un grand n'importe quoi, un peu comme dans Inglorious Basterds, qui à mes yeux ternit quelque peu l'ensemble .
Cela n'empeche pas Django d'etre un Tarantino, c'est à dire un putain de moment de cinéma !!!