Un chef d'oeuvre ? NON. Un bon divertissement.
J'y suis allé, parce qu'on m'a dit que c'était une bonne surprise, et parce que malgré "Inglorious Basterdz", qui est un des films qui m'a mis le plus en colère dans ma vie, je suis toujours enclin à donner une seconde chance.
Le film est long et son rythme est plutôt lent : 2 h 45. Un peu comme un "Kill Bill" que Q. n'aurait pas coupé en deux volets. L'histoire est intéressante : un chasseur de prime allemand, le Dr. Schultz, prend sous son aile un esclave qui peut reconnaître trois hors-la-loi. Ils se prennent d'amitié, au point que Schultz va aider Django à récupérer sa compagne à Candieland, une propriété spécialisée dans les combats entre Mandingues. C'est plus qu'une simple histoire de vengeance, car les rebondissements sont nombreux et bien amenés. Les dialogues ont toujours une place à part, même si je trouve qu'ils ont moins de verve que par exemple "Boulevard de la mort", et relèvent plus de l'exposition. Quelque scènes étaient un peu verbeuses. Il y a deux choses que je regrette dans le scénario : qu'on ne reparle plus de l'Allemand une fois qu'il est tué, et que la fiancée de Django, Brumahilda (alias Brunhield) soit aussi cruche. C'est étonnant pour un réalisateur qui a fait tant de personnages féminins forts, mais la femme-fantasme que Django croit voir un peu partout, et qui sert surtout à se faire pointer un revolver/marteau sur la tête, c'est le seul truc que j'ai trouvé vraiment cucul.
Que dire, sinon que la mise en scène est impeccable ? Tarantino s'est trouvé une touche bien à lui : son cinéma n'est ni américain, ni européen, mais un mélange intriguant des deux. Dès le premier plan, je me suis pris une balle dans le coeur : ces paysages de désert, de montagne enneigée, de collines verdoyantes, puis de champs de coton, et cette grande demeure sudiste ("the big house"). J'aime bien les effets de zoom ultrarapide "faits à la main", les lents travallings latéraux. Dommage qu'il n'y ait pas eu de scène de campement de nuit (un grand classique), mais on ne peut pas tout faire.
Au niveau des influences, on part du western assez classique au début pour s'acheminer dans le spaghetti sur la fin, mais les deux scènes de boucherie finale relèvent bizarrement plus de John Woo que de Peckinpah. Dommage Le passage dans la neige, bourré de nostalgie, fait incroyablement années 1970.
Au niveau direction d'acteurs, c'est très bon. Jamie Foxx est très bon, dommage que son personnage tombe dans le stéréotype à la fin ; Waltz reprend un personnage semblable à celui d'"Inglorious", mais évite le cabotinage ; Di Caprio n'est pas aidé par son rôle, mais s'en tire bien. Jackson, presque méconnaissable, se transforme en Uncle Ben's et lègue un des personnages de Noir le plus servile de l'Histoire du cinéma. Assez jouissif. Je regrette juste que Walton Goggins soit si sous-employé - j'aime cet acteur. Ah, et Q. fait une apparition - un second rôle qui a une fin explosive.
Et les costumes.... Ah, les costumes. Mention spéciale au costume bleu de valet.
C'est un film bourré d'humour, et de toute sorte d'humour : humour décalé, mais aussi humour très bourrin, certaines explosions de violence étant complètement inattendues. Sans surprise, c'est aussi un film bourré d'action violente, mais depuis "Kill Bill", Tarantino ne sait plus choquer avec la violence : il se contente de filmer des gars qui répandent du sang en se la pétant. En réalité la scène la plus violente, celle qui met le plus mal à l'aise (outre les nombreuses séances de fouet), ce ne sont pas toutes ces fusillades pour rire, mais c'est ce combat de Mandingues qui laisse un profond malaise chez le spectateur. Malaise que Tarantino sait susciter, mais hélas pas assez exploiter pour pousser le public à réfléchir. Enfin on retrouve là quelque chose de plus mâture, qui rappelle "Pulp fiction".
La musique est la force et la faiblesse de Tarantino. Dès le début, on sait qu'on va être abreuvé de pistes épiques, à base de soul des 70's, de rap (moins), de blues, de pastiche de Morriccone, etc... Et les images collent parfaitement. Le film te dit : "laisse-toi porter par le bon son". "Django unchained" est un film sur l'esclavage des images à la musique, et hélas l'abolition ne semble pas à l'ordre du jour. Retour de bâton : au bout de 2 h, l'enchaînement des bonnes pistes approche de l'overdose, surtout quand d'une scène à l'autre, on enchaîne sur un nouveau morceau. L'effet "changement de piste" est nocif à la narration : il rappelle au spectateur que ce qu'il voit est... un produit culturel. Alors que moi je voulais une histoire, rien d'autre.
"Django unchained" est un hommage viscéral au western et un divertissement jouissif, mais si la première partie est excellente à tous points de vue, la dernière heure a quelques longueurs.