Je suis loin d’être une inconditionnelle de Tarantino dont je n’apprécie pas le côté verbeux de certains de ses films. Mais certaines de ses propositions me séduisent et tout particulièrement Django unchained que j’ai toujours plaisir à revoir.
Tarantino nous offre là un western brutal, insolent, irrévérencieux, tragique et drôle à la fois. Rien que la séquence d’ouverture vaut son pesant d’or. Elle donne le ton du film : le soin de la réalisation, le rythme maîtrisé, les plans soignés, le côté décalé du personnage interprété magistralement par Christoph Waltz, l’humour et la gravité tout à la fois du sujet.
Dans le genre irrévérencieux, nous avons la séquence inénarrable autour du Ku Klux Klan – qui n’existait pas encore soi dit en passant mais ce n’est pas le souci de Tarantino – et leurs discussion absurde autour de leur cagoule ; mais surtout le fait d’avoir fait d’un noir un héros de ce western. La séquence où Django donne le fouet à l’un des frères Brittle avant de le tuer est particulièrement subversive. Plus l’intrigue avance, plus cet homme libéré de l’esclavage et rendu à la liberté par le docteur Schultz prend de la carrure et s’impose.
Une première partie bâtit la relation entre le docteur Schultz et Django et éclaircit peu à peu pour le spectateur et pour le pauvre Django un peu paumé au début, l’identité et les intentions du docteur. Une fois cette relation nouée, l’histoire se poursuit dans la propriété de Calvin Candie, un esclavagiste du sud interprété par Di Caprio qui campe à la perfection une brute aux airs raffinés. Cette maison luxueuse, n’est qu’un vernis posé sur un vide abyssal. Un vide d’humanité car c’est le manque de cœur qui régit les rapports des habitants de cette maison. Mais aussi un vide de culture sous les apparences. Tarantino tourne en dérision les airs de supériorité que les maîtres se donnent. Calvin Candie est « francophile », comme toute personne « civilisée ». Il tient à se faire appeler « monsieur » Candie plutôt que « mister », mais il ne sait pas parler le français et ne supporte pas qu’on le lui fasse sentir… De même il cache son incompréhension du mot « panache » et se trouve démasqué malgré lui par son servile esclave Steven. Tout est faux, artificiel, apparence, hypocrisie, sourires de convenance, manières policées, sous-entendus. Le docteur Schultz à bout mettra fin à la « Lettre à Elise » jouée par la sœur de Calvin à la harpe dans le salon. Beethoven n’a pas sa place dans ce monde violent et la beauté de sa musique jure avec ce lieu d’inhumanité.
Dans cette histoire personne n’est épargné, ni les « blancs », ni les « noirs ». Les « noirs » ne sont pas tous « blancs » (cf. le personnage de Steven) et les blancs ne sont pas tous « noirs » (cf. le personnage du docteur Schultz).
Ce western en forme d’hommage ne se prend jamais au sérieux. La légèreté affleure constamment ici et là, telle la séquence où Django s’entraîne au tir sur un bonhomme de neige.
Les acteurs sont totalement habités par leur rôle, c’est un vrai plaisir de voir Jamie Foxx et Christoph Waltz interagir. L’alchimie est parfaite entre eux.
Django Unchained est un grand moment de cinéma. De la qualité de la réalisation, de la photographie, des scènes d’actions du soin apporté au choix de la BO – on peut compter sur Tarentino pour cela ! – en passant par l’écriture du scénario et des personnages, Tarantino a donné le meilleur de lui-même jusqu’à ce final grandiose et excessif, marqué du sceau de son style.
Django Unchained c’est 2h45 de pur plaisir qu’on ne voit pas passer ! Diffusé sur Netflix et Prime Vidéo il serait dommage de se priver de le voir ou de le revoir !
Vous voulez vraiment que je vous serre la main ? Bon, si vous insistez … "