Oh la la la la ! Mais c’est qu’il est en super forme Quentin ! On savait qu’il allait nous sortir un western à la sauce spaghetti un de ces jours, mais je ne pensais pas qu’il serait aussi bon dans le genre. Il rentre dans le ventre mou de l’histoire de l’Amérique avec un total manque de respect, et une jubilation contagieuse qui emporte d’emblée l’adhésion. Mise en scène d’enfer, second degré et mise a distance salvatrice, casting en or massif, histoire réellement originale, quoi encore ? Di Caprio en propriétaire terrien, génialement détestable, oh la la la ! L’oscar du meilleur second n’est pas passé loin, mais il est battu d’une courte poitrine par Christoph Waltz, dont Tarentino utilise à merveille le registre d’acteur, et les talents de polyglotte. Ou la ! Dialogues Tarentiniens attendus, ils sont là, (faudra bientôt rentrer le terme dans le dictionnaire), scènes cultes, répliques idem, décontraction, citations malignes. Je n’aurais jamais imaginé la rencontre entre la culture germanique, un célèbre roman d’Alexandre Dumas, et la réincarnation de Django le proscrit, cowboy spaghetti de seconde zone, réincarné esclave qui s’affranchit, le tout dans un film de Tarentino. Ça vole haut, s’en en avoir l’air. Django traînait un cercueil, maintenant il traîne des chaînes d’esclave. Il était blanc, celui-là est noir. Quand les Ricains regardent une page de leur histoire sans misérabilisme, mais avec l’autodérision et le sens du spectacle qui les connaît, on obtient un divertissement majuscule. Un genre de western Tarentinien…Tout sauf un western, donc. Film de Blaxploitation, avec la bande son idem, l’adieu au western moderne.
PS : Juste un truc culte. La scène avec les gars du KKK, qui vont faire un raid, mais qui n’arrivent pas à voir à cause de leurs cagoules mal cousues. Et qui commencent à s’engueuler, en oubliant ce pour quoi ils étaient venus…On change de film. On peut faire un court métrage avec. C’est mort de rire assuré, trop drôle…poursuivons la critique.
Par contre…Tarentino arrivera-t’il enfin à terminer un film ? On trouve souvent ses fins plates, pas à la hauteur du reste. Ici, la fin appelle une suite. Il y aura-t’il un Django Unchained And Dangerous, par exemple ? Lui seul le sait. La complicité entre ce Django émancipé, et un chasseur de primes allemand, fallait y penser. Amitié et apprentissage de la liberté, personnages marginaux, donc (libres ?) Comme tout héros américain qui se respecte, Django est individualiste, et à la recherche de la terre promise. Ici, elle prend la forme d’une jolie créole au doux nom de Broomhilda, (Kerry Washington). Fallait le trouver, l’angle de point de vue qui rendra cette histoire crédible, garder un équilibre entre bouffonnerie, et crédibilité. Les talents d’écriture de Quentin, sont à l’œuvre. C’est bien écrit, très simple comme toujours, ce qui donne de l’intérêt, se sont les effets de style, et la maîtrise des codes détournés encore une fois. Une bonne partie du film, Waltz, semble prendre la pas sur son partenaire, jusqu’à sa disparition brutale, et un déchaînement de violence. Django tue, ça gicle de partout, comme de la boue sale, un jus purulent, de la boue rouge sale. On est dans un film de Tarentino, ou on ne l’est pas.
C’est drôle. Les grands espaces ressemblent à des décors de la grande époque (révolue) du western à papa. Le sujet (difficile), placé dans la période pré-abolitionniste aux USA, ne bouffe pas le film. Donc un vrai divertissement, un vrai délire de cinéma. Et dans la deuxième partie, tout s’accélère :
Bienvenue dans le MISSISSIPI. L’enfer ! Candyland. L’habitation tenue en laisse par Léo Di Caprio. Lieu où les esclaves en fuite se feront déchiqueter par des chiens, ou par le fouet. Les petites choses fragiles comme Broomhilda servent de chair fraîche aux mandingos, et les autres sont esclaves de maison. Di Caprio parfait. Mi cabotin, mi psychopathe, il a tout compris au rôle. Quentin refait l’histoire à sa façon, et est à la recherche du héros providentiel. Sans défauts, il est américain, Django. Heureusement qu’on voit soudains poindre à l’horizon son négatif. Stephen. Le caniche noir de monsieur Candy (Di Caprio), qui sert son maître mieux que son maître ne le ferait lui-même. Servile à pleurer, moqueur, calculateur, vieux de broyeur de nègres, exécuteur d’ordres, une horreur. Samuel Jackson disait qu’il allait se faire haïr de toute la communauté noire avec un rôle pareil. Contre emploi pathétique, et jubilatoire. C’est la seule chose qu’on peut reprocher à Quentin, c’est sa jubilaton. Ça jubile un max. Toujours. Comme si même au septième film, il lui restait toujours cette magie dans les yeux, cette joie enfantine, et qu’il oublie, qu’il est devenu une référence, donc qu’on attend encore plus de lui. De toute façon, il s’en fout. Il s’en fout, il a gagné.
PS : Apparition de Quentin Tarentino à un moment T du film. Je ne vais pas dire à quel moment, (of course), par contre c’est court, et…MDR
Avec tout ça de fleurs, on va dire qu’il est tellement emballé, le gars qui a écrit ça, qu’il doit sûrement être fan de Tarentino. Oui, c’est vrai. Et alors ?