Artiste truculent et polyvalent Ossang réalise en 1997 son troisième long métrage et premier film en couleurs : l'intrigant Docteur Chance, film-somme pour le moins complexe et visuellement soigné, sorte de croisement entre le cinéma eighties de Leos Carax, le maniérisme de Wong Kar-Wai et la poésie godardienne.
Une évidence frappe au sortir de ce polar à la fois atypique et troublant : F. J. Ossang demeure un authentique cinéaste et créateur de formes, constamment inventif et prodigue en termes d'audaces... Hélas si la plastique de son film séduit de prime abord elle finit néanmoins par prendre trop de place par la suite, au point de rendre l'ensemble artificiel. Par ailleurs le scénario, ampoulé voire trop écrit, nous empêche de croire totalement à cette cavale fourmillant de références intelligemment digérées mais parfois dispensables.
Docteur Chance est un objet filmique ayant le mérite de proposer quelque chose de différent, mélangeant brillamment les influences de son auteur sans jamais dépasser son sujet pour autant. Une déception majeure pour une oeuvre que j'aurai voulu adorer et qui m'a surtout laissé sur un sentiment d'admiration en demi-teintes. Dommage...