Sam Raimi était-il un bon choix ?
Que l’on m’explique d’abord d’où vient la hype autour de Sam Raimi… Il a réalisé la trilogie Spider-Man, ce qui devrait déjà donner quelques inquiétudes. Ces films étaient moyens, leurs scénario insipide, et leurs dialogues totalement creux (j'en avais fait les critiques). Je ne m’étonne donc pas du résultat sur Doctor Strange in the Multiverse of Madness.
J’avais beaucoup aimé Doctor Srange (2016), réalisé par Scott Derrickson, d’où ma déception qu’il se soit retiré de la réalisation de Doctor Strange in the Multiverse of Madness, pour « divergences artistiques ». A chaque fois qu’un film change d’équipe de réalisation alors qu’il est en plein développement, on peut s’attendre au pire. Le passage de Derrickson à Raimi, sans doute perturbé encore davantage par 1) la pandémie 2) l’inversion de l’ordre de sortie avec Spider-Man : No Way Home qu’il devait initialment précéder, aboutit à un film relativement médiocre.
Un scénario à côté de la plaque
Commençons par la faiblesse du scénario. Comment peut-on imaginer faire croire à des spectateurs une histoire aussi ridicule ? Si je résume : Wanda devient méchante parce qu’elle veut retrouver sa famille/ses enfants. Pour cela elle cherche à tuer une adolescente ayant la capacité de voyager dans les univers parallèles, pour récupérer ses pouvoirs et retrouver sa famille dans un autre univers. Cela suppose évidemment qu’elle assassine son double dans l’univers concerné et prenne sa place, mais ce seul fait, de tuer sa propre personne dans un autre univers, n’ayant pas moins droit au bonheur qu’elle, ne semble pas la choquer plus que ça. Un tout petit peu d’imagination vous fait déjà sentir les limites d’une telle approche, en plus des limites éthiques. Même si le plan de Wanda réussissait, comment pourrait-elle connaître la vie vécue par ses « nouveaux » enfants ? Ceux-ci ne se rendraient-ils pas compte très facilement de la supercherie ? On sent déjà que l’histoire à l’air bête.
Mais son dénouement l’est encore plus ! Le conflit s’arrête, non pas lorsqu’elle est vaincue – ce qui aurait certes consitué un moindre mal scénaristique – mais lorsque l’adolescente en question la transporte directement dans sa famille dans un autre univers : se rendant alors compte que ses enfants la rejettent en tant qu’intrus, elle réalise alors (!) qu’elle n’a rien à gagner à voler la vie d’une autre personne. Elle finit donc par abandonner son plan maléfique et par détruire les runes qu’elle a employées jusqu’à présent. C’est un peu du foutage de gueule quand même.
Mais voyez si ce détail n’est pas le plus ridicule de tous : América Chavez, nouveau personnage surprise du film, qui n’a pas su maîtriser ses pouvoirs de tout le film, réussit enfin à les utiliser, au moment le plus opportun, lorsque Strange lui dit en gros : « allez, tu peux le faire »…
Des personnages superficiels
Cette faiblesse du scénario est le corollaire d’un autre défaut du film : la superficialité des personnages. Si le scénario est mauvais, c’est parce qu’il tourne autour du personnage de Wanda qui est complètement raté. Mais on s’aperçoit vite qu’il en va de même des autres personnages : América Chavez n’a à peu près aucun intérêt en tant que personnage, si ce n’est de servir de motif à Wanda, puis de résoudre l’intrigue. L’insistance du film sur la relation entre Strange et Christine finit par devenir barbante parce qu’elle est totalement superficielle, elle aussi. Finalement, on a un film qui semble vouloir se focaliser sur les affects mais qui rate totalement son but.
Trop d’effets spéciaux tuent les effets spéciaux.
Quand c’est trop, c’est trop. On a l’impression de se prendre des gifles visuelles en permanence dans ce film, et à un moment donné, l’esprit sature. Je n’ai rien contre les effets spéciaux, mais leur surabondance finit par révéler la vacuité du scénario.
Et la musique ?
Enfin, je me demande pourquoi ils n’ont pas choisi de garder la bande-son de Michael Giacchino comme bande-son principale. On l’entend de temps à autre au début, mais c’est finalement le thème de Danny Elfman qui s’impose dans la suite, et même au générique de fin. Quelle déception ! Moi qui était un grand fan de la musique du premier opus, je ne comprends pas du tout ce choix. Cela nuit par ailleurs à l’unité musicale de l’arc Strange. Une erreur qui a été aussi commise pour Captain America, Iron Man et Thor : pourquoi ne pas garder une musique qui marche ?
Malgré cela, le film a quelques qualités, notamment pour le fan. C’est plutôt drôle de voir les personnages de Charles-Xavier, Reed Richards etc dans l’univers parallèle.