Les petits tâcherons rouges
J'avais vu ce film il y a longtemps, très longtemps, dans une galaxie lointa... dans des conditions discutables... Peut-être étais-je exténué ou bien avais-je enchaîné quelques verres alcoolisés de trop, décidant de clôturer la soirée en lançant ce truc avec un pote pour qui le sommet de l'intérêt filmique réside plus dans des interviews de Bob Marley que dans une histoire de loups géants traquant leurs proies la gueule dégoulinante.
Reste qu'il me fallait depuis longtemps réparer cet égarement d'attention et vérifier un détail : Ce petit plaisir que le souvenir nébuleux d'un lycanthrope dressé de toute sa hauteur devant sa proie hurlante m'avait offert était-il réel ou simple fruit d'une reconstitution post-mal-de-crâne ?
J'avais franchement envie de pioncer hier soir, mais dans une curiosité désabusée teintée de "Bon, revoyons au moins cette intro une énième fois reprise sur Jaws", j'ai lancé Dog Soldiers. Et j'ai pas décroché une seconde. Ce n'était pas juste une légère impression noyé dans un souvenir lointain, ce film est franchement réussi dans son genre hommage-horrifico-débile.
Y avait un tas de truc que j'avais zappé depuis, comme l'humour omniprésent qui oscille entre le franchement loufoque et l'extrêmement jouissif, entre un type qui se fait recoller le bide à la glu pour y ranger à nouveau ses intestins partis en ballade et un autre qui affronte un loup-garou de 2m30 avec le flash d'un appareil photo à grand renforts de "Souris enculé !", le tout dans une ambiance de forêt sans issue, de hurlements dans l'obscurité, maison aux allures faussement inhabitée se faisant forteresse de fortune, de famille carnassière... Tout ça rappelant à tour de rôle Predator, Hurlements, La Nuit des Morts Vivants et Massacre à la Tronçonneuse (ou Boucle d'or, au choix), nimbé d'un ton complètement con où les idées les plus abracadabrantesques s’enchaînent aux plus prévisibles mais jamais ne laissent vraiment le temps de s'emmerder.
Toute cette mascarade se passe certes dans le plus convenu des styles et n'invente strictement rien. La photographie y est assez fade et sans grande personnalité, se contentant de filmer au naturel ces remparts d'arbres inquiétants. Mais la mise en scène est réussie, ne laissant qu'entrevoir les créatures par contre-jours furtifs mais très bien dosés, les personnages sont aussi absurdes que caricaturaux mais foutrement attachants et putain, les costumes des lycanthropes sont sublimes. Alors certes on sent que le film ne dégouline pas de thune mais il suinte l'enthousiasme et c'est assez communicatif. Les productions merdiques actuelles ont du bon, elles permettent de redécouvrir des films modestes qui auraient à tort bien pu passer inaperçus dans ce 21ème siècle qui a oublié comment mettre en scène des bestioles.