Dogma
6.6
Dogma

Film de Kevin Smith (1999)

Du fond des chiottes à la cour de récré

Kéké Smith refait la Genèse et invente un treizième apôtre, Rufus, omis par l'Histoire car il était black. Deux mille ans après le démoulage dans l'étable près de Bethléem, il est temps pour deux anges déchus d'aller chercher la dernière descendante du Christ afin de la ramener à bon port. Bien que stérile et célibataire, elle devra porter l'ultime sauveur : la providence et les queutards seront là pour l'aider à aboutir, se réconcilier avec l'existence humaine et prendre conscience de sa véritable vocation.


Quatrième film de Kevin Smith, Dogma pourrait être l'emblème de son cinéma, car tout y est et en plus lourd, plus clair, ce qui a le mérite d'afficher son inanité au grand jour. Comme toujours Smith a très à cœur de pondre un film « plus intelligent qu'il n'en a l'air car il dit des choses sur [insérer la niaisierie à votre convenance] ». Quelques astuces à cette fin : la première, sur-étaler de la culture, pourtant assez vulgaire ou 'geek' de masse en général (Breakfast Club, Indiana Jones.. Les ailes du désir). La seconde, gerber ses demi-réflexions de pré-ado surexcité venant de découvrir la sexualité, les documentaires sur le câble et les magazines d'investigation pour blaireaux 'critiques' intégrés. Ainsi Salma Hayek nous entretiendra sur la Bible misogyne.


Cette pantalonnade complètement superficielle, bruyante et insipide, nous montre des religieux censés accéder à la vie réelle, à l'essentiel, à la vérité et autres catégories absolutistes, grâce aux potes et héros débiles de Kévin Smith (qui a tendance à sur-estimer les capacités analytiques de ses 'bonnes' créatures). Comme le black nous l'explique (Chris Rock, sorte de Hanouna à punchline), Dieu est très embarrassé par ce qu'on fait en son nom et il n'approuve ni les guerres ni la bigoterie. Les fois pathologiques et biaisées sont de vilaines choses. Oh oh oh, Kéké a mis de côté le skate-board et la bière pour réfléchir ! Gare au moment où il va s'attaquer aux bouquins de philosophie et entrer à l'université ! Il va alors raffiner sa connerie et développer des aptitudes de visionnaire, doublées d'une insolence à toute épreuve !


Il y avait encore un peu de génie dans Clerks, le premier opus (mettant déjà en scène les Jay & Bob), aimable à l'usure et à force d'intégrité. Cette fois c'est fini et l'ascension de Smith est loin de lui rendre service. Son casting de stars semble convoqué pour ajouter du culte à son CV, mais ne fait que s'avilir avec sérieux : Ben Affleck se fond très bien dans cet univers de médiocrité fracassante pour snobs du fond des chiottes (à noter : chiottes conventionnelles). La potacherie artisanale va bien mieux à Smith (et ne gêne ni le style ni l'efficacité, comme en attestera Red State). Le démon de la merde de Golgotha offrait des voies plus sûres à suivre, malheureusement Dogma préfère lorgner du côté du film de campus pour collégiens (type How High, Scary Movie – à venir) que d'accepter sa possible filiation avec Henenlotter (Elmer, Basket Case).


https://zogarok.wordpress.com/2016/02/11/dogma/

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le 11 févr. 2016

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