Avec Dogman, Matteo Garrone signe son film le plus fort (au-dessus de Gomorra, même, avis tout personnel), d'une compacité et d'une cohérence impeccables. Dans cette station balnéaire en déshérence de Campanie, qui sert de cadre délabré, les chiens aboient et la caravane de la vie du pauvre Marcello passe en humiliations répétées. Il est un toiletteur pour chiens aussi frêle physiquement que relativement limité en neurones ce qui ne l'empêche pas de faire preuve d'une humanité heurtée par la méchanceté de son environnement immédiat et notamment d'un individu bas de plafond qui l'a choisi comme souffre-douleur. Le film est gorgé d'humour noir, surtout dû aux nombreux chiens qui sont spectateurs des vilenies humaines, mais aussi parfois insoutenable dans des scènes éruptives de violence. Garrone impose sa mise en scène dès le début de Dogman, aucunement voyante mais d'une précision jamais prise en défaut alternant plans serrés et larges (voir en particulier le dénouement). Héritier d'une certaine tradition italienne réaliste, il se nourrit aussi d'une ambiance proche de celle des grands films noirs américains, avec une dimension christique qui n'est pas sans rappeler certains premiers films de Scorsese. Il y a un vrai regard de cinéaste dans Dogman lequel, marié à l'interprétation hors normes de Marcello Fonte, donne au film un cachet spécifique et une force narrative d'une puissance remarquable.

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le 30 juin 2018

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