Echec et meute
L'être humain est, avant toute autre chose, un animal social. Mais comme il aime plus que tout se raconter de réconfortants mensonges, il fait tout ce qui est son pouvoir pour l'oublier, et feint de...
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Dans une banlieue déshéritée, Marcello, toiletteur pour chiens discret et apprécié de tout le quartier, cotoie Simoncino, un ancien boxeur accro à la cocaïne qui, très vite, commence à racketter et à brutaliser tous les habitants du quartier. D’abord confiant, Marcello se laisse entraîner malgré lui dans une spirale criminelle.
Attention Spoilers
Fait divers
Dogman est un film dramatique italien de Matteo Garone de 2018. Le film s'inspire librement d'un fait divers qui avait défrayé la chronique dans les années 60, un toiletteur pour chien, Pietro Negri, souffre douleur d'un malfrat s'étant vengé de lui en le torturant avant de lui donner la mort.
Matteo Garone a choisi de transposer ce fait divers des années 60 à nos jours.
Amateur de films mafieux romanesques, j'avais peu apprécié l'hyper réaliste Gomorra du même réalisateur.
Savoir dire non
Dogman montre Simoncino, un colosse violent "martyriser" en toute impunité et sans limites tous les habitants d'un quartier. L'une de ses "victimes préférées" est Marcello, le toiletteur pour chien qui est plutôt un chic type, divorcé et bon père de famille.
Le problème de notre héros, ou plutôt de notre anti-héros, est qu'il ne sait pas dire non à Simoncino. Il le fournit en stupéfiants, le véhicule lors des cambriolages que le malfrat organise (l'un de ses comparses profite même de l'occasion pour mettre le chihuahua de garde dans le congélateur...), toujours de façon désintéréssée, Simoncino ne lui laissant que des miettes. Après le cambriolage de trop qui va l'envoyer en prison, Marcello va se venger.
Avec Dogman, Matteo Garone signe un film très sombre et désespéré. Ancrer cette histoire dans la banlieue peu reluisante de l'Italie d'aujourd'hui noircit encore le propos.
Le film traite de l'évolution d'un homme meurtri par les mauvais traitements et la rancoeur. De victime, Marcello va se transformer doucement mais surement en bourreau prêt à tout.
Quant Marcello n'a plus rien à perdre...
Sa peine de prison va discréditer Marcello auprès de tout le quartier, lui qui était respecté de tous et ami avec tous les habitants. Il va perdre le respect auprès de toute cette population et par la même, mettre en péril sa petite entreprise.
J'ai trouvé Dogman particulièrement pertinent, sombre et émouvant. Le film, qui n'est jamais confortable pour le spectateur, n'est pas pour autant manichéen. Contrairement au fait divers dont il s'inspire, Marcelo tue son bourreau parce qu'il ne peut pas faire autrement alors que Pietro Negri avait cautérisé les plaies de son prisonnier pour le faire souffrir plus longtemps. Lors du dernier plan du film, on voit Marcello, seul sous la pluie, avec son chien, avec à ses pieds le cadavre de Simoncino, Marcello qui voulait tellement se réconcilier avec ses amis qu'il avait trahi, en leur montrant ce qu'il était parvenu à réaliser, aussi pour eux.
Derrière le fait divers, on devine également une Italie complètement à la dérive sur le plan social.
Il convient de signaler au casting la prestation magistrale de Marcello Fonte (qui a un petit air de Luis Rego) dans le rôle de Marcello.
Ma note: 7/10
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Créée
le 17 juil. 2018
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