Dans une banlieue italienne de bord de mer, abandonnée et délabrée, Marcello vivote de son métier de toiletteur pour chiens. Chétif, souriant et avenant, il est très apprécié de son voisinage et est un père divorcé aimant et dévoué pour sa petite fille. Alors pour quelles raisons se laisse-t-il soudain entrainer dans un engrenage qui le conduira à des actes d’une violence extrême ?
Toute la puissance de Dogman réside dans cet étude de personnage, ce petit bonhomme qui par peur ou naïve loyauté, la frontière est fine, se plie aux volontés d’un ami brutal et caractériel.
Marcello se laisse embrigader dans une série de larcins, du trafic de cocaïne aux cambriolages, pour satisfaire Simoncino, cet encombrant ami sortant de prison. Cette amitié toxique est au cœur du parcours intime de Marcello, on se demande en permanence la nature du lien qui les unit, et pourquoi Marcello s’entête à le protéger. Même lorsqu’il se sent trahit, la rage et la colère se dispute à l’affection dans le regard du toiletteur, sans qu’on sache vraiment jamais quel sentiment l’emporte. Jusqu’à ce que les humiliations soient trop lourdes à supporter, les trahisons impossibles à pardonner. Cette lente transformation en guise de prise de conscience (un peu tardive) s’exprime pleinement à travers la performance éblouissante de Marcello Fonte, follement expressif et étonnamment physique. Sublimée par la mise en scène naturaliste et brute de vérité de Matteo Garonne, la descente aux enfers de ce petit homme ordinaire aux aspirations difficiles à cerner va libérer une violence insoupçonnable. Miroir d’une société de plus en plus déshumanisée, Dogman fait de l’omniprésence canine la parfaite analogie d’une forme de bestialité qui reprendrait le dessus sur le genre humain. Qu’il s’ouvre sur la gueule d’un chien hurlant tous crocs dehors et se referme sur l’impressionnant regard hagard de Marcello est éloquent.
Qu’il ait été récompensé du Prix d’Interprétation masculine à Cannes est une évidence.

Thibault_du_Verne
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste TOP FILMS 2018

Créée

le 1 août 2018

Critique lue 249 fois

Critique lue 249 fois

D'autres avis sur Dogman

Dogman
guyness
8

Echec et meute

L'être humain est, avant toute autre chose, un animal social. Mais comme il aime plus que tout se raconter de réconfortants mensonges, il fait tout ce qui est son pouvoir pour l'oublier, et feint de...

le 22 nov. 2018

54 j'aime

10

Dogman
Okilebo
8

Quelle vie de chien !

On ne peut pas le nier, depuis quelques années et malgré de nombreux prix et nominations, le cinéma italien se fait discret. Pourtant, je pense que le talent est toujours bien présent mais celui-ci...

le 8 janv. 2019

37 j'aime

38

Dogman
pphf
7

Chemin de croix

Un prologue en trompe-l’œil. Avec en gros plan, puis en très gros plan, la tête énorme et blanche d’un molosse, la gueule ouverte, des crocs terrifiants – et la peur qui va glacer le spectateur,...

Par

le 1 août 2018

36 j'aime

17

Du même critique

Ma Loute
Thibault_du_Verne
3

MA LOUTE – 6/20

Autant le dire d’emblée, Ma Loute m’est passé complétement au-dessus. Comédie burlesque, voir grotesque, empreinte d’une excentricité peu commune, le film de Bruno Dumont est si singulier qu’il ne...

le 23 mai 2016

42 j'aime

7

The Strangers
Thibault_du_Verne
4

THE STRANGERS – 8/20

Le mélange des genres est un exercice assez courant dans le cinéma sud-coréen (on se rappelle de l’ovni The Host de Joon-ho Bong), ce n’est pas ce qui étonne le plus à propos de The Strangers. On ne...

le 27 juil. 2016

38 j'aime

En attendant Bojangles
Thibault_du_Verne
6

Cinéma | EN ATTENDANT BOJANGLES – 13/20

Tombé sous le charme de cette fantasque histoire d’amour à la lecture du roman d’Olivier Bourdeaut, j’étais curieux de découvrir quelle adaptation Regis Roinsard allait en tirer, lui qui a prouvé...

le 22 janv. 2022

26 j'aime