Le petit-fils du mort
Dogs est un de ces rares films dont l’univers tout entier habite le spectateur. Quelques notes proches du Western habillent un film souvent contemplatif, interprété avec brio et ponctué de scènes...
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le 13 oct. 2016
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Un western, peut en cacher un autre. Après le blockbuster et remake Les 7 mercenaires, place à un film d'auteur et original. Il se situe dans la lignée de Soy Nero, dans sa manière de prendre son temps pour nous raconter son histoire, mais aussi de la cruauté de l'homme envers ses semblables.
En m'installant dans la salle, je ne savais pas à quoi m'attendre. C'est ma manière de procéder, en savoir le moins possible, pour être surpris. Ce n'est pas toujours une bonne façon de faire et je peux me retrouver devant une production Luc Besson, où me taper un navet d'un réalisateur que j'exècre. C'est comme la roulette russe et parfois, je me prends une balle qui va secouer mon cerveau et créer en moi de fortes émotions. Dogs fait parti de ces films, où l'atmosphère et le récit, me fascine au point de m'obséder bien longtemps après la séance.
La caméra glisse doucement sur l'herbe, alors qu'on entend des mouches lui tournait autour. Elle arrive sur un étang, où la surface est recouverte d'une fine couche verdâtre. En son milieu, une bulle éclate créant une ouverture vers le ciel, avant que d'autres lui succèdent et que la partie d'un corps humain fasse son apparition. Une scène qui suscite la curiosité, avant qu'une autre lui succède et ainsi de suite. Les interrogations s’enchaînent, mais les réponses se font attendre. L'histoire se met lentement en place, nous laissant le temps de nous imprégner de l'atmosphère régnant dans cette campagne roumaine à la frontière d'un autre pays d’Europe de l'est.
"Quand on a pas reçu d'éducation, on se bat, on tue" affirme Samir (Vlad Ivanov), cela résume parfaitement la mentalité qui sévit sur ses terres arides de Roumanie. Un état d'esprit que ne comprend pas Roman (Dragos Bucur). Il vient de Bucarest, pour prendre possession des terres léguées par son grand-père décédé. Un héritage qui va se révéler dangereux, dans un monde rural ne souhaitant pas voir ses habitudes être modifiées. Un troisième homme va se mêler de l'affaire, Hogas (Gheorghe Visu), un policier en fin de parcours.
La découverte de ce monde pauvre, dur et violent où les femmes sont exclues est éprouvant. La tension est sourde et à tout moment, on s'attend à ce que cela vire au cauchemar. En fait, nous sommes dès le début dans un cauchemar où seul la mort semble pouvoir nous sauver de cet enfer sur terre. Les rapports ne sont pas humains, mais sauvages. Ce sont des chiens en liberté, n'aboyant pas, ni ne montrant les dents, mais frappant à tout moment sans avertissement. Ils n'ont pas de règles et seule la loi du plus fort règne en ce lieu.
La réalisation épurée de Bogdan Mirică participe grandement au plaisir que procure cette oeuvre saisissante. Son film est une sorte de polar rural, où l'humour noir côtoie une violence contenue mais palpable. C'est une oeuvre anxiogène, prenant son temps en cadrant longuement les personnages et paysages. Les aboiements de la chienne Policia, contrastent avec le mutisme de ces hommes. Le choc frontal entre eux et Roman, fait penser à Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah (1971). On est angoissé, parfois mal à l'aise et souvent sous le charme de cette atmosphère oppressante.
C'est mon coup de cœur de la semaine, voir du mois. Sa réalisation, ses acteurs, sa trame et sa tension ont mis à contribution mes sens, surtout les plus primitifs. Vivement la prochaine réalisation de Bogdan Mirică.
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Créée
le 30 sept. 2016
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