J’ai toujours bien aimé le skate. C’est vrai je n’ai pas persévéré étant gamin et je n’ai jamais vraiment repris. Mais je suis les X-Games et l’actualité sur deux-trois types. La mort du grand Jay Adams il y a deux m’a quand même fait quelque chose, le destin tragique, le plus méritant qui a finalement mal tourné. C’est en partie pour lui et pour Tony Alva accompagné de quelques anciens Zephyrs en intervenants que je me suis penché sur le documentaire de Stacy Peralta, Dogtown and Z-Boys, qui semble aussi doué derrière une caméra que sur une planche.
Peralta propose ici une rétrospective complète sur l’histoire complète de la Zephyr Competition Team dont les membres appartenaient au Skate shop « Zephyr » de Jeff Ho, d’où les « Z-Boys ».
Véritable pratique de seconde zone, le groupe lui-même se concentre sur le surf et skate seulement pour passer le temps. C’est en créant le Bertlemann Slide (« Bert ») qu’ils entament littéralement la révolution. Imitant le surfeur éponyme, les Z-Boys font du Skateboard un prolongement du surf et ramène la pratique sur le devant de la scène.
Trop souvent relégué au second plan, le journaliste Craig Stecyk a joué un rôle clé dans l’histoire. Voyant davantage le skate comme une culture et non un passe-temps, il consacre beaucoup de journées à filmer les très jeunes et talentueux Zephyrs, proposant de véritables articles et interview à leur sujet, et permettant aujourd’hui de sublimes images d’archives où l’on peut voir entre autre Jay Adams âgé de 13 et déjà en avance sur tous ses aînés, le charismatique et premier champion du monde de skate :Tony Alva réaliser les tous premiers aerials ainsi que la première compétition amateur des Z-Boys réalisant les premiers Bert en public.
Ce que Stacy Peralta arrive avec brio à faire passer dans son documentaire, c’est la notion de découverte du « possiblement réalisable » puisque les Zephyrs ont tout simplement inventé le skate que l’on connaît aujourd’hui. Comme le dit Tony Alva : « Nous étions à l’origine de tout, lorsque rien n’était encore connu où prétendu possible. Il n’y aurai pas pu avoir les stars d’aujourd’hui où même les X-Games sans nous. »
Mon passage préféré concerne le magnifique hommage que Peralta fait à Jay Adams alors incarcéré à l’époque du tournage (2001). Montage d’autant plus touchant si l’on sait comment a fini Adams et le véritable génie gâché qu’il incarne. On peut le voir parler à l’écran des regrets et des mauvais choix qu’il a fait plus jeune après les Zephyrs, ou encore de la « chute », quand le skate est devenu un boulot au lieu d’un plaisir.
Les Z-Boys ont tous mérité leur place dans le groupe comme ils se plaisent encore à le rappeler, 40 ans plus tard. L’image d’icône qui leur est attribué est juste le fruit d’un investissement complet et une récompense pour un talent utilisé à bon escient.
Même si l’on ne s’intéresse pas à la discipline, je vous recommende très chaudement ce documentaire entre autres parce que ces personnages et leur histoire valent vraiment le détour, Peralta réalise ici un des meilleurs documentaire que j’ai pu visionner.