Après les sorties de New York 1997 et Halloween, John Carpenter alors au sommet de sa carrière sort en 1982 The Thing, premier opus de ce qu’il appellera «Trilogie de L’Apocalypse» avec Prince des ténèbres et L’Antre de la folie. Considéré comme le maître de l’horreur après avoir imposé les codes du slasher avec Halloween, Carpenter décide donc de s’atteler au remake de The Thing From Another World de Christian Nyby et Howard Hawks sorti en 1951.
Un peu de spoil.
En Antarctique, un chien tentant d’échapper à ses assaillants qui essayent de l’abattre se réfugie dans une base américaine où travaillent une douzaine d’hommes. Une fois les assaillants abattus, McReady le chef de la base décide d’aller inspecter le camp norvégien d’où venaient les hommes, accompagné du Docteur Copper. Ils y découvrent des restes de cadavres mais aucune forme de vie. On apprend alors que les norvégiens avaient découvert des restes d’un vaisseau extraterrestre avec un de ses occupants conservé dans la glace tout ce temps.
Après Halloween, Carpenter signe ici l’une de ses meilleures productions, si ce n’est la meilleure.
Dans ce huis-clos ou règne suspicion et paranoïa, Carpenter nous emmène dans cette base ou une douzaine d’homme sont isolés et coupés du monde, sensation d’isolement et de désolation bien sur accentuée par cet environnement polaire, glacial et dénué de toute forme de vie.
Dans sa version horrifique des Dix Petits Nègres, le malaise atteint son paroxysme dans cette fameuse scène du test sanguin. C’est haletant que le spectateur suit les actions de McReady (Kurt Russel), le chef désigné du camp qui, encore plus méfiant que tous les autres, décide de prendre les mesures nécessaires pour qu’en aucun cas la Chose entre en contact avec aucun autre membre de la base. Car en effet, McReady le sait, il n’est pas la Chose. Et là est toute la magie du long-métrage, chacun est persuadé de sa propre innocence mais ne croit pas à celle d’un autre. Tout le monde soupçonne tout le monde, le doute est partout dans la base et dans la tête du spectateur. L’homme est devenu un loup pour l’homme.
Le sentiment de solitude est alors encore plus présent, même si physiquement le groupe existe toujours, la cohésion n’a pas survécu. Chacun ne peut faire confiance qu’a lui-même et doit se méfier de tout le monde, le tout en restant enfermé dans ce petit lieu situé dans cette infinité désertique et stérile.
Bien sûr Carpenter sait l’importance que représente la musique dans ce genre d’œuvre, il a donc fait appel au meilleur en la matière, Ennio Morricone. Alors même si bien sur celui-ci n’a pas la même présence que dans les Westerns de Leone par exemple, où chaque scène est habitée et animée par sa musique, il reste quand même un véritable atout.
Mais si la musique est importante, les effets spéciaux sont évidemment primordiaux. Rob Bottin crée ici une créature informe, et signe ce qui a contribué au succès du film à savoir les mutations incroyablement gores et magnifiquement répugnantes de la Chose. Cette créature tant dégoutante que fascinante qui peut se fondre dans le décor en prenant l’apparence de toute forme de vie existante après avoir assimilé et digéré cette dernière.
La scène de fin est elle aussi extrêmement bien pensée et extrêmement noire. Mais qui est infecté au final ? Personnellement je penchais plus sur Childs si comme tout le monde je me basais sur la buée renvoyée par les deux protagonistes. M’enfin sans forcément y avoir pensé au premier visionnage, je trouvais cette scène de fin parfaite en l’état.
Chef d’œuvre, film culte ; tout se suit parfaitement malgré les quelques défauts que l’on peut relever, on s’accordera à dire que le film perdrait beaucoup en charme s’ils n’étaient pas là.