Dogville, c'est un film sans murs, sans ciel, sans lumière naturelle. Lars Von Trier réussit pourtant à inverser le Huis Clos traditionnel, en inversant même certains codes du cinéma classique. Toute l'horreur du film est toujours sous les yeux de toute la ville de Dogville, et pourtant, personne ne peut voir. Nicole Kidman resplendit dans son rôle, subissant la latence freudienne que lui inflige le réalisateur. Elle ne paraît pas souffrir et pourtant l'accumulation de tout ce qu'elle va subir va finalement exploser. Dogville est un film noir, bouleversant, révélant une nature humaine animale et primaire ; aussi primaire que l'ambiance globale volontairement minimaliste. Dogville aurait pu être une oeuvre flaubertienne du vide et du rien, pourtant, le spectateur est oppressé d'un flot discontinu d'émotions et de souffles qu'il ne peut pas contrôler. Dogville, c'est une ville de chiens sans réelle conscience. Lars Von Trier aime décidément bousculer ses héroïnes en les confrontant aux Eros et Thanatos les plus sombres. Après Breaking the Waves, encore un autre chef-d'oeuvre original.
Redrum
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le 11 août 2011

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