Et voilà le premier cross-over de la Full Moon, pris en charge par le boss himself puisque Charles Band occupe ici encore plus de fauteuils avec son nom (en vrai, y’a qu’un fauteuil, ça coûte trop cher sinon). Il est crédité pour l’origine de l’histoire, et le générique du début se termine sur un écran noir où s’affiche un magnifique « Produced and Directed by Charles Band ».
Le Dollman vole ici à la rescousse de [insérez personnage féminin générique], restée miniaturisée après son kidnapping par le méchant extraterrestre de l’excellent « Bad Channels ». Mais voilà, le Dollman est lui poursuivit par la flic de « Demonic Toys”. Elle le cherche, car il est visiblement son seul espoir… Pourquoi ? Question de taille sans doute.
Même si quelques scènes nouvelles sont disséminées entre différents flashbacks de « Dollman », « Demonic Toys » et « Bad Channels », tout le principe du film reside sur : en réaliser un avec trois. C’est Charles Band aux manettes, et c’est un gars qui voit grand et n’envisage rien à moitié. Il recycle ainsi trois films de la Full Moon Productions, pour faire naître une license sur fond de multivers. C’était précoce, (même lui a dû le sentir), car ça restera [malheureusement ?] la dernière intervention de Brick Bardo sur les étagères de vidéoclub. N’empêche qu’il y avait là une ambitieuse envie de…
… de générer encore un peu plus de thunes, car bien sûr, vous avez déjà senti l’arnaque. « Dollman vs Demonic Toys » n’est en réalité rien d’autre qu’une publicité pour la Full Moon Productions, qui ne s’adresse à personne. Car, il est inutile pour celles et ceux qui se sont déjà tapé les trois films, et il demeure encore plus incompréhensible pour une personne qui ne les a pas vu.
De plus, l’inédit concerne une scène de sexe entre Dollman et [insérez personnage féminin générique], qui sort complètement de nulle part, ainsi qu’une tentative de viol malsaine sur [insérez personnage féminin générique] par le poupon Oopsie-Daisy. Toujours de très bon goût ces séquences servent à mettre en avant une généreuse poitrine, mais couverte. On est chez Charles Band, il faut se couvrir, une plainte peut coûter cher. Donc on a de la classe chez la Full Moon.
Charles Band ne vole en rien sa réputation, car c’est là une démarche d’un cynisme incroyable quand même. D’une durée de 1h, c’est en tout et pour tout une dizaine de minutes qui ont dû être tournées pour le film, le reste se résumant à des extraits piochés dans les trois productions. Ça friserai presque la malhonnêteté... Pourtant il avait vu juste puisque 15 ans après Marvel lançait le MCU. Un avant-gardiste ce Charles Band !
Avec son histoire obscure et sans grand intérêt, le film s’avère dans l’ensemble inutile. Mais il [m’] a quand même fait réaliser que jusque là [je croyais que] Charles Band était à l’origine de la musique de « Puppet Master ». Pas du tout, c’est Richard Band en fait, son frère. Erratum donc, le thème magique de la saga « Puppet Master » est de Richard et non de Charles, mais ça reste un Band !
Les personnages sont recyclés, dans des décors recyclés, pour pouvoir recycler des séquences entières de « Demonic Toys », pour en créer de nouvelles en utilisant une photographie et un éclairage différent (mais ça se voit à peine… lol). Quant à la BO, encore une fois de plus du lourd, puisque cette fois, c’est Quiet Rot qui signe la musique. Sauf que c’est un « Songs by », oui, encore une arnaque. Charles Band s’ayant certainement vu offrir un CD, il se dépêcha d’en acquérir les droits, à bats coûts. Rappel : c’est les Quiet Rot de 1993…
Dès lors, c’est assez difficile d’aimer cette œuvre pour ce qu’elle est, au vu de ses intentions. Pourtant, une certaine fascination se crée, car derrière ce montage se trouve un type qui vend une publicité pour sa boite de production, en faisant passer ça pour un film avec toute la maladresse qui va avec. Et puis c’est ironique, puisque cette promotion à moindres frais permet de rapporter un peu de thunes en visant un public précis, qui de toute façon regarde déjà ces films…
« Dollman vs. demonic Toys » constitue ainsi un objet délirant complètement absurde et incompréhensible, qui témoigne plus des carences budgétaires des caisses de la Full Moon, que des talents de cinéaste chez Charles Band. Le film a beau se révéler pathétique dans tous les aspects de sa production, il en devient presque sympathique, illustration littérale de l’expression « fait avec des bouts de ficelles »…
Il a quand même une grande qualité, c’est qu’il est court.
-Stork._