Vrai ou pas, qu'importe ! Domino Harvey dépasse le réel et la fiction. Personnage insaisissable, film insaisissable, tronqué, haché, martelé comme la vie de son héroïne. Tony Scott ose et stylise à merveille un scénario de Richard Kelly. Film brutal, direct où convergent les recherches cinématographiques d'un véritable auteur, de Prédateurs à Man on Fire, en passant par l'incontournable True Romance. Hors norme, hors code, Tony et Domino tracent leur route dans un jusqu'au-boutisme jubilatoire qui fustige la télé voyeuriste, les stéréotypes raciaux, le sexe, la violence... Dans ce déferlement d'images, de coups dans la gueule d'une société déliquescente, impossible de prendre sa respiration et du recule, tout nous arrive pêle-mêle, chaotique jusqu'à un final hallucinant qui anéantit tout espoir, comme s'il n'y aurait pas d'après, pas de futur. Pour finir, Keira Knightley parvient à donner corps et âme à Domino, assurant par sa seule présence l'unité et la cohérence de ce trip démentiel !