(texte en liste de remarques, de 2022, que j'avais oublié; corrigé en 2023 car film encore revu, sur C8)
Grâce à Paris Première, j'ai revu toute la série des Don Camillo. Je trouve que cet épisode, tout en distrayant, éduque aussi aux fake news et à la manipulation, ce qui me le rend tout aussi pédagogique que par exemple, l'éducatif 'Sergent Noir' de John Ford qui formait à l'image et montage tout en distrayant, comme ici:
- comme dans 'Certains l'aiment chaud', notre duo se déguisera ici pour s'infiltrer dans le camp opposé. Le curé se déguise en Camarade Russe puis le Rouge Stalinien se déguisera en curé rasé pour visiter l'Amérique. J'aurais bien aimé voir cet épisode, après cette belle scène finale où les deux en curés s'éloignent pour prendre l'avion: en sorte de Bud Spencer & Terence Hill, ou Laurel et Hardy...j'aurais été curieux de voir ce duo dans un road-movie/buddy movie, genre 'Les Visiteurs d'un autre temps en Amérique'. (Voir ces deux amis en prêtres quasi bras-dessus-bras-dessous m'a fait resurgir mon grand plaisir à Robert De Niro et Sean Penn en prêtres...les deux faux, au lieu d'un seul...dans 'Nous ne sommes pas des anges'. (exemples donnés juste pour dire que Peppone et Camillo aux Etats-Unis m'auraient eu du potentiel).
- comme lors de mes visionnages précédents, j'attendais avec impatience la scène de la grève de la faim, et surtout de sa double rupture de jeûne ...dont une forcée. Un des meilleurs quiproquo du cinéma.
- mais je redécouvre cette fois d'autres scènes épatantes, que j'avais oubliées...elles sont encore mieux que dans mon souvenir...et surtout, sur-tout, ont désormais une importance et utilité contemporaines démentes; car je trouve désormais que le film fait encore beaucoup échos avec des débats actuels qu'imposent en 2022's des intégristes dans nos rues et pays.
- le père Camillo ne supportant pas que son village devienne jumelé avec un village de "sans-dieu" décide une grève de la faim qui me rappelle désormais celles des députés Jean Lassalle, ou celles répétitives de Pierre Larrouturou.
- dans le contexte de pseudo "crise migrââtoâââre" dont on nous assomme aux infos en 2022, j'ai jubilé au couple d'escrocs (Bernard Madoff du beauf), dépouillant les pauvres villageois de leur chianti et autres Parmigiano Reggiano..."ces-pauvres-gens-sont-victimes-et-réfugiés"...ils se révèlent fake. Ce qui sabote la campagne du père Camillo souhaitant empêcher le référendum. Mais les infos des escrocs, étaient pourtant elles, plutôt vraies, même si les messagers étaient bidons. Phénomène tellement actuel. Camillo a été décrédibilisé car ses lanceurs d'alertes avaient un casier judiciaires et jouaient la comédie.
- ça me rappelle ce qui arrivera à un grand journaliste des années après, Dan Rather (91 ans en 2022), ce qui donnera son nom à cette technique de décrédibilisation: de bonne foi, Dan Rather a répété des infos vraies vérifiées trois fois, mais dont des documents ou témoins, étaient eux faux...donc du vrai empaqueté dans du assez piégé ....des documents aux infos vraies se révèlent eux des faux, pour que le tout soit au final contesté.
- La chaine de diffusion de Dan Rather devra s'excuser. "Seule (mais c'est beaucoup) l'authenticité des documents sur lesquels s'appuyait son reportage a été remise en cause par la presse" "Dan Rather présente des excuses, il admet que leur utilisation constituait une « erreur de jugement »"...sauf que l'info était vraie. Comme pour les famines et dysfonctionnements en Russie, racontés par deux témoins qui se révèlent eux bidons, mais leurs infos n'étaient pas des balivernes:
- __"Je peux pas croire que Peppone m'a" dan ratheré pourrait dire Don Camillo)...se faire Dan Ratherer=Se saisir d'une histoire vraie qui va être dommageable, la faire fuiter à l'avance à un journaliste mais pimentée de détails bidons, d'abord bien camouflés, mais qu'on révèlera à retardement, faux ...ce qui discréditera le journaliste et l'histoire elle même. Don Camillo a été décrédibilisé par deux amis escrocs mais leurs infos étaient globalement vraies.
- en autres détails, je ne sais pas pourquoi mais des dialogues italiens et en sous titres, ne sont encore pas entendues dans la VF. Par exemple, lors de la scène de la caravane foraine où se rend le maire Stalinien, mais sympas, le cureton orthodoxe, mais sympas, glisse un tuyau pour lui parler...la jeune femme crie en VF "oh!!! un serpent"...le sous-titre est alors juste après "ouiiiiiiiii, celui du péché originel"(Don Camillo) sauf qu'Eve n'était pas foraine, et Adam une clown léninien...ben, ce "ouiiiiiiiii, c'est le serpent du péché originel" n'est pas dit/entendu dans la version Française! :-D
- je trouve que ça ne vieillit pas du tout; tous les sujets sont encore dans nos sociétés de nos jours ; la religion majoritaire est un peu... différente et les forces en place un peu... différentes, mais ce sont les même principes et sujets: la censure, la désinformation, la manipulation; l'interdiction d'exercer sa religion; les différents type de religieux, les familles qui ont (eu) des quasi nazis et des "gauchiasses" etc.
- j'avais oublié que parmi les (mini) exagérations des (plutôt) affabulateurs au sujet de la misère en Russie: les deux escrocs piques-assiettes racontent que la viande essentielle en Russie serait celle de la chauve-souris ("pipistrelli")...
- ...et si les russes sont bons cosmonautes, c'est parce que les "bébés sont mis en couveuses dans des accélérateurs"! ...blague d'humour noir et caricature du communisme qui seraient vues comme de la "Russophobie" de nos jours ^^
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- j'ai cette fois trouvé magnifique la scène de recherche de tombe dans un champ où les herbes sont aussi hautes que Don Camillo et Saro Urzi..."hautes herbes" que j'ai croisées dans des poèmes sur la guerre, sur les champs de batailles; "hautes herbes" qu'on croise chez Terrence Malick. "Hautes herbes" qui amènent au pied d'un bel arbre solitaire...tout aussi beau et visuellement mémorable que celui dans '1917' de Sam Mendes...
- ...arbre au pied duquel le frère mort de Saro Urzi est enterré...entouré de "hautes herbes"...qui me rappellent encore le 'Dormeur du val' , un des rares que je connais grâce à l'école et que je sais, je met à toutes les sauces...poème d'Arthur Rimbaud...
- ...le frère d'Urzi, même si pro-nazi, dort pour toujours les "pieds dans de hautes herbes"......il dort 'auprès d'un grand arbre' comme ceux de son village qu'il regrettait sans doute avoir quittés...
- ...avec ses minis airs de Raimu et Romain Gary, Saro Urzi est très émouvant et son personnage fait allusion à la cohésion nationale qu'il a fallu retrouvé avec des familles avec des cocos, des royalistes et des "chemises noires" (Urzi avait son double au mur dans un tableau derrière lui quand il mariait le fils de Peppone dans 'Don Camillo Monseigneur').
- cette fois j'ai été très ému et ressenti la pression que ressent dans un pays totalitaire, le chrétien poussé à se taire et ne pas reconnaître qu'il est chrétien...il est ramené à son métier de prêtre dans une si belle scène de confession où Camillo semble exécuter le démon sur les épaules courbés du prêtre alors honteux.
- je connais mal ce Luigi Commencini (dont mon Cinéma de Minuit passait récemment son 'Pain, amour et fantaisie'),mais cette scène de 1965 dans la chambre de la mourante où le Pope a amené Don Camillo pour la confession, me rappelle dans sa forme, la scène dans 'Le Parrain III' de Francis Ford Coppola, cinéphile de 25 ans en 1965, lors de la scène d'exécution des gargouilles à la solde de Joey Zaza attaquant Vincent dans son appartement,...car il y a la même utilisation des miroirs! Si ! Si ! La mamie dans son lit, dont le diable tient sans doute la tête, se reflète dans les miroirs derrière Don Camillo qui tient le Pope de force par le bras ...comme Bridget Fonda est tenue par un attaquant et se reflète aussi dans le miroir dans le plan où Andy Garcia enserre du bras la Gargouille numéro 2. Francis Ford Coppola, cinéphile de 25 ans en 1965 avait peut être vu et aimé cette scène dont je vois un double dans Le Parrain III?