C’est l’histoire d’un enfant star qui, une fois devenu adulte, passe son temps à exhiber son corps, à parler de porno et à aborder une coupe de cheveu immonde. Non, je ne parle pas de Miley Cyrus, mais bien de Joseph Gordon-Levitt et de sa première réalisation, une comédie vraiment drôle.
Il a sans doute fallu une sacré dose de ténacité à Gordon-Levitt pour imposer son film aux studios, tant il y brise son image et risque bien de faire grincer des dents. Don Jon, porn-addict devant l’Eternel, macho de bas étage et crétin intégral. Gordon-Levitt se révèle, dans son art de croquer ses personnages, comme un as de l’écriture, le scénario ne souffrant de presque aucun défaut si ce n’est les habituels contraintes d’Hollywood sur le happy-ending et deux-trois moments d’émotions inutiles. Passé ces incontournables, le récit est mené avec une maestria qui démontre un vrai savoir-faire et, surtout, une vraie intelligence de la part de son auteur, qui a parfaitement compris à quel public il s’adresse.
Bien sûr, l’avantage d’un film réalisé par un acteur ne réside jamais tant dans sa mise en scène (classique mais sympa ici) que dans l’art de savoir s’entourer. Outre Scarlett Johansson en allumeuse et Julianne Moore en milf basique, c’est aussi dans les seconds rôles qu’il faut aller puiser le meilleur, notamment Tony Danza qui interprète un Don Jon Senior impayable.
Le film tient-il la route ? Assurément, et c’est là sa force ultime : parce qu’il va au bout des choses, mais parce qu’il reste cohérent avec le point de départ et parce qu’il utilise toutes les audaces pour arriver à ses fins, Gordon-Levitt propose un scénario solide, témoignage d’une volonté de briser son image mais aussi d’en tirer profit en s’offrant celle d’un gars avec suffisamment de dérision pour avancer. Le pari est gagné, car on rit souvent avec et aux dépens de ce misérable et attendrissant Don Jon, révélation d’un artiste à part entière qui vient de faire la nique à Hollywood.