Le fion entre deux tabourets
Plus qu'une véritable attirance pour un sujet un brin racoleur (pas un jour ne se passe sans un (pseudo) reportage, un article, un livre, un film sur le sexe et le porno), j'étais vraiment curieux de voir ce Don Jon car il m'intrigue ce bon vieux Joseph! Acteur qui se retrouve toujours où on ne l'attend pas, alternant films à gros budget et oeuvres plus indépendantes, possédant une sacrée grosse cote en ce moment (profite bonhomme, profite, cela peut vite passer), il me tardait de voir ce qu'il pouvait donner derrière la caméra.....
Je partais confiant.....
J'ai été déçu! Et une question s'impose: doit-on obligatoirement sombrer dans la vulgarité et la caricature quand on aborde le porno? Car la première partie du film est d'un vide abyssal et d'une vulgarité (et je pense m'y connaître) consternante! Monsieur Gordon Levitt, il ne suffit pas de mettre un juron ou une insulte toutes les 30 secondes dans la bouche de chacun de ses personnages pour en faire un film "cool" ou "in". Si c'était si simple je me serais fait réalisateur moi! Par exemple, était-il vraiment utile de sortir de cryogenisation ce bon vieux Tony Danza qui ne méritait tout de même pas ça! Parce qu'entre lui et Jon il y a un sacré concours de connard! Autre exemple, franchement, entre nous les mecs, vous auriez une superbe nana dans votre lit, vous ne seriez pas capable de resister à une envie de sexe sur internet, là, à 10 metres de la nana en question?!
Je ne sais pas quel était l'objectif de Joseph vis à vis de son personnage: nous faire un peu rire avec cette caricature de mec ou au contraire nous le rendre un peu pathétique pour que l'on si attache? Toujours est-il que j'en ai rien a foutre moi de ce branleur et de ce qu'il peut lui arriver.....Et on ingurgite clichés sur clichés (ah les mecs qui considèrent les femmes comme de la chair fraîche, ah les mecs et leur bagnole, ah les mecs et leurs côtés obsédés......). Ne riez pas Mesdames, vous en prenez également pour votre grade par l'intermédiaire de Scarlett (égoiste, vulgaire à sa façon, dictatrice....)! Bref, on voit que Joseph a fait dans la mesure.....
Long, très long, tellement long que j'étais à deux doigts de quitter la salle, pas à cause de cette vulgarité mais à cause de ce vide mortel. Mais n'ayant rien de mieux à faire sur l'instant, je me suis dit que je pouvais bien faire l'effort d'attendre la rédemption.....Car, oui, il va bien y avoir une rédemption ou du moins une prise de conscience de Jon j'espère.....on peut pas faire 1h30 comme ceci, c'est pas possible.....
Et là, enfin, le film gagne en profondeur et enfin on commence un peu à avoir de l'empathie pour ce Jon qui commence enfin à réfléchir sur lui même et à envisager de sortir de la caricature dans laquelle son père, ses potes et lui même l'on enfermé! Le veritable tournant : l'apparition d' Esther incarnée par la génialissime Julianne Moore! Et là effectivement, arrive enfin un début de réflexion sur cette dépendance et sur les relations homme-femme. Enfin! Il était temps! Même si on est loin du chef d'oeuvre, cette partie laisse entrevoir ce que peut donner la sensibilité de Gordon-Lewitt, ce qui est loin d'être inintéressant..... C'est même prometteur pour ses éventuels futurs films....
A mi-chemin entre la recherche du buzz (voire la provocation gratuite et facile) et un film vraiment sincère, Gordon Levitt se retrouve le fion entre deux tabourets et nous offre un film faussement politiquement incorrect mais sauvé par sa fin et Moore. Un sujet qui méritait certainement plus de finesse! La suite de sa carrière nous montrera quel chemin prendra ce réalisateur....