Ce film, je l'ai aimé et je l'ai détesté. Pour être plus précis, certains aspects m'ont plu tandis que d'autres m'ont complètement rebuté. Comment un long-métrage peut-il tomber me laisser autant mitigé ? Il semblerait qu'il a décidé de cumuler des clichés avec des tentatives prometteuses.
Tout d'abord, pour recontextualiser, je pensais qu'il s'agissait d'un film d'horreur à la base. J'ai été informé de son statut de thriller juste avant d'aller le voir. Etant donné la construction du récit, il semble coincé entre ses deux facettes d'une même intention : instaurer une tension glaçante. Pour le coup, le synopsis de départ ne présente rien d'original, à ceci près qu'il évite habilement de tomber dans le surnaturel. Qui sont les "méchants" ? Un vétéran aveugle et un chien méchant. Oui, Don't Breathe ne se dérobe pas du manichéisme, mais a au moins la décence de donner une motivation plausible à l'antagoniste.
Contre l'antagoniste viennent les protagonistes. Vu sa longueur, le film introduit très vite ses enjeux, terriblement clichés. Trois personnages composent le récit : Rocky, Alex et Money. En ce qui les concerne, rien de nouveau sous le soleil. Alex est le cliché du héros lambda, un jeune "mâle hétéro cis-genre" comme on dit, secrètement amoureux de la fille, au cœur d'or, qui tient à son père, et en opposition avec le deuxième personnage masculin du groupe. Je ne m'attarderai pas sur Money : il est caricatural et détestable au plus haut point. Par ailleurs,
Il meurt très rapidement, ce qui m'a apparu comme un soulagement, mauvaise nouvelle en soit : un bon film de cette catégorie n'est pas censé me rendre heureux à la mort des personnages
Mais je me pose encore la question : est-il plus détestable qu'Alex ? De son côté, il souhaite juste l'argent. Alex, pour la part, cumule lui aussi les actions qui ont résulté à ce que je le déteste :
Alors qu'il a un gabarit plutôt frêle, il parvient à survivre à de trop nombreuses blessures. Sa mort a été aussi un soulagement, je me demandais si le film prendrait le "risque" de se débarrasser de lui.
Finalement, Rocky est l'héroïne du film, puisqu'elle possède le background le plus développé et le plus grand temps de présence à l'écran. Non pas que son histoire et ses motivations soient forcément intéressants et recherchés, mais au moins, elle a été imaginée comme un véritable personnage, dont le vétéran est le seul autre personnage pouvant se targuer de ce statut.
En fait, Rocky est un peu à l'image du reste du film : un mélange de bonnes idées et de mauvaises qui aboutissent à un résultat sympathique mais perfectible. Parmi les mauvaises idées, au-delà du comportement des personnages, je peux évoquer les jump scares, plus inutiles dans ses films que dans les autres, des rebondissements assez prévisibles et un sentiment de lassitude progressif dès que le film est lancé.
D'un autre côté, tout n'est pas à jeter. Le film est truffé de bonnes idées visuelles et tente d'installer une ambiance stressante. Il est juste dommage qu'il choisisse à de nombreuses reprises la solution de la facilité. Cette espèce d'ambiguïté demeure jusqu'à la fin du film :
Dès le début, on sait que Rocky survivra et partira avec sa sœur. En revanche, la victoire du vétéran est plus surprenante. Il est présenté comme la victime dans l'histoire et s'en sort indemne, alors qu'il avait été laissé pour mort.
Je n'arrive donc pas à trancher : j'ai aimé et je n'ai pas aimé. Et ce n'est qu'en notant de moitié que je peux livrer cet avis.