Ce titre crétinissime se veut la traduction française de Blind man. Et en effet, vue la densité du personnage, on aurait mieux fait de nommer tout simplement le film L’aveugle.
Trois jeunes cambrioleurs ont vent de l’existence d’un homme âgé, ancien militaire, rendu aveugle à cause d’un grenade, vivant seul dans un quartier résidentiel abandonné, en compagnie de son molosse, et y détenant une probable fortune en espèces gagnée lors du dédommagement de la mort de sa fille par l’assurance de sa meurtrière involontaire. Très motivés de quitter leurs carcans familiaux et leur suicidaire Michigan misérabilisé par la crise, l’occasion est trop belle pour le trio, qui ne peut pas imaginer l’atrocité de la nuit qu’ils vont passer. Car une fois dans la maison, l’athlétique papy les enferme, craignant trop que se découvrent ses abominables secrets, et avantagé par la maitrise des lieux et l’obscurité, l’inversion du rôle de prédateur révèle la menace féroce d’un redoutable psychopathe.
Notre compassion s’adresse autant au martyre de ces sales voleurs d’aveugle qu’au handicap du bourreau victime lui aussi de terribles drames, et même au chien monstrueux qui finalement ne fait que son boulot. Ca faisait longtemps que je n’avais pas vu un bon petit film d’horreur bien mené, sanguinolent à point, avec des surprises et des basculements d’enjeux successifs. Fede Alvarez avait déjà magnifié Evil Dead par sa version de 2013, voilà qu’il nous réserve une horreur suffisamment subtile pour que chaque personnage nous touche à sa manière. Il parait que Sam Raimi nous prépare un second opus, bien, je l’attends.