Film au centre de toutes les attentions, Don’t worry darling ne restera mémorable que pour toutes les polémiques qu’il aura engendrées durant sa réalisation et promotion. Le film se focalise trop sur son esthétique desservant ainsi le pseudo-mystère qui l’entoure.
L’histoire commence d’emblée sur la vie parfaite du couple formé par Alice (Florence Pugh, miss Flo pour les intimes) et Jack (Harry Styles) : elle s’occupe de tenir la maison, participe aux activités de la petite communauté dans laquelle ils vivent tandis que lui par travailler pour le projet Victory avec tous les autres hommes de la ville. Ce quotidien « idyllique » se brisera tragiquement lorsque l’une de leur voisine, Margaret, commencera à se comporter étrangement.
Don’t worry darling a une très belle photographie avec une identité visuelle forte servie par ses couleurs vives, son esthétique vintage et ses plans très travaillés. On joue notamment beaucoup sur la notion de circularité : les mouvements de caméra qui nous font tourner autour des personnages jusqu’à nous en donner le tournis, ces ballerines qui dansent en cercle, les images répétées de pupilles qui se dilatent ou encore la forme de la ville qui peut nous faire penser à un labyrinthe circulaire. Alice tourne clairement en rond durant les 80 premières minutes du film à essayer d’enquêter sur ce qui cloche dans son monde. Mais n’est pas Wes Anderson qui veut.
Si le cadre et l’ambiance retranscrivent très bien l’oppression à laquelle est soumise Alice durant sa quête de la vérité (en l’asphyxiant littéralement par moments), tous ces éléments ne sont que décoratifs et ne servent en rien à l’intrigue. Ils nous donnant que très peu, voire pas du tout, d’indices sur ce qu’il se passe réellement. On ne fait que regarder Alice subir ses hallucinations sans les comprendre jusqu’à ce que les révélations nous soient offertes sur un plateau avec un changement de point-de-vue fugace qui casse complétement le rythme de la narration.
Le film bascule alors dans sa deuxième partie et nous révèle clairement son message féministe qui était déjà plus ou moins sous-entendu dans sa première partie avec le style vestimentaire des années 50 et les occupations très stéréotypées des femmes versus les hommes.
Le film cherche à dénoncer l’idéologie selon laquelle « tout était mieux avant », lorsque les femmes ne travaillaient pas et étaient au petit soin pour leur mari. Ici la vision patriarcale de notre société qui ne souhaite pas/plus voir les femmes prendre leur indépendance est distinctement pointée du doigt. L’idée était louable, mais présentée de façon trop manichéenne. L’homme y est dépeint sans aucune nuance comme le grand méchant qui veut continuer à garder un contrôle total sur sa femme.
Du côté des acteurs le film est entièrement porté par une Florence Pugh impeccable, au contraire d’un Harry Styles au jeu d’acteur désastreux. Gemma Chan, dont le personnage a une très mauvaise écriture, est toujours aussi inexpressive. Frank, le prétendu grand antagoniste joué par Chris Pine, est simplement là pour faire de la figuration.
Don’t worry darling est donc un film qui se laisse regarder mais dont tout le potentiel est gâché par une écriture trop grossière.