Pendant plus d'une heure, on se dit qu'Olivia Wilde possède une vista singulière et un don pour composer de belles images. Même si les services de Matthew Libatique, soit l'un des complices de Darren Aronofsky, ont dû l'aider un peu aussi.
Car Don't Worry Darling est une fabuleuse réussite esthétique, dont chaque plan regorge d'idées, de détails qui attirent l'oeil et de couleurs chaleureuses participant à la perfection d'un monde qui serait resté figé dans les fifties.
Mais sans y toucher, Olivia Wilde instille le malaise dans ce décor idyllique. Un malaise insidieux, un inconfort dérangeant, une gêne indéfinissable qui confine au flash cauchemardesque dont chaque élément contamine la réalité.
Une réalité qui a tout de l'illusion d'un bonheur antédiluvien ancré dans le mythe de l' american way of life et de la réussite sociale : la banlieue pavillonnaire chic, le mariage, les enfants, la voiture, une femme soumise et l'alcool quotidien.
Cette nostalgie prend à la gorge Alice, jusqu'à l'étouffement, tant psychologique que physique, tandis que le mystère se montre savamment entretenu pour que le spectateur se montre enthousiaste et envisage de classer Don't Worry Darling au sommet de son classement annuel.
Sauf qu'il reste encore une heure à tenir, et qu'Olivia Wilde semble déjà ne plus avoir grand chose à dire pour étirer ses scènes, voire les répéter...
Jusqu'à cette dernière ligne droite qui tranche avec le reste, rentre dans le lard et des plus transparentes quant au pourquoi de l'entreprise. Et s'il s'agit bien sûr de reprendre le tube de l'année 2022, c'est à dire le combat féministe, Olivia, en plus de sombrer dans la citation un peu vaine et gratuite, expose sa vision avec la finesse d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Dès cet instant, Don't Worry Darling se dégonfle comme un soufflé, retombant sous le poids de ses promesses et de son enchantement plastique, cédant à des flashbacks peu inspirés. Alors qu'il y avait à dire, à nuancer, à expliquer sans pour autant cautionner, s'agissant des
extrémités empruntées par cet amour sincère mais dévoyé, manipulant la femme pour la conserver dans un statut d'esclave.
Une fin qui n'est pas du tout à la hauteur d'une heure de film débutée en fanfare, comme si Olivia Wilde n'arrivait plus à donner corps à sa vision, donnant l'impression d'être démunie et de vouloir se débarrasser au plus vite de certains aspects de son script.
Passionnant mais très frustrant, voilà comment on pourrait résumer Don't Worry Darling... En gardant le goût amer de la déception en bouche.
Behind_the_Mask, desperate housewife.