Dans son premier film, la réalisatrice Anne-Laure Bonnel fait preuve d'une grande maitrise. L'image est aussi brute que la réalité est brutale. Des vies piétinées : l'effroi de la guerre civile, cette guerre au carré où s'affrontent des frères d'armes.
Ici, vous ne trouverez pas de propos politique, pas de leçon géopolitique, pas de morale à deux balles. La réalisatrice se contente d'illustrer les sinistres effets du verbe : le film s'ouvre sur le discours martial de Porochenko, puis il montre, de l'autre côté, comment les civils s'organisent dans le tumulte d'une guerre dont personne ne semble comprendre ni les tenants, ni les aboutissants.
On étouffe parfois devant l'évidence de la violence. On peine à croire qu'il soit encore possible de vivre là. Tout est désordre : les vieux enterrent les jeunes, les enfants croupissent dans des caves, les parcs d'attraction rouillent, la neige souille, le froid semble durer toute l'année.