Sirène de police, intérieurs sombres, contre-plongée, split screen : l'Etrangleur annonce la couleur avec une première scène de crime. Il y en aura
10 autres
ce qui a peu d'importance, puisque là n'est pas l'enjeu du film, contrairement à ce qu'on attend spontanément. Ca démarre donc tambour battant : les meurtres s'additionnent, les victimes se multiplient, les suspects se succèdent. Le travail de la police est traité à bonne distance, avec ce qu'il faut d'ironie sur l'agitation médiatique et la paranoïa qui étreint les Bostoniens. L'équipe de flics est plutôt attachante : ils sont laborieux, débordés mais déterminés, servis par une brochette d'acteurs dans le bon ton. Mention spéciale à Murray Hamilton.
N'allez pas croire que L'Etrangleur de Boston est un film d'enquête. C'est un grand film noir, un faux polar sur un vrai serial killer. C'est une tragédie implacable où on découvre rapidement que les victimes n'en réchapperont pas et que le meurtrier sera confondu. A mi-chemin, Fleisher se paie le luxe de mettre le spectateur dans la confidence sur l'identité du tueur. Quel polar, fut-il réussi, y survivrait ?
On glisse alors dans un deuxième film où l'enquête devenue accessoire laisse place au drame psychologique et à l'étude de cas. Et là, le film prend toute sa dimension : huis clos étouffant qui s'achève par une confrontation majuscule entre le procureur Fonda et le tueur Curtis dans un intérieur glacial et clinique. Les splits screens de la première moitié du film ont laissé la place à des plans statiques et dépouillés. Lumière crue, jeux de miroirs, chorégraphie minimaliste et mutique. Il ne reste plus rien, sinon l'assassin et sa conscience.