La filmographie de Sergei Loznitsa est pour l'instant pratiquement irréprochable, et en même temps pas facile d'accès.
Après son remarquable Une femme douce, véritable trip visionnaire sous anxiolytique, Loznitsa nous embarque cette fois-ci dans un voyage dans le Donbass occupé par l'armée russe qui emprunte à la fois à Kafka et au cique Zavatta.
Après plusieurs séquences un peu fades, le film devient brutalement très déstabilisant à travers une série de vignettes plus dérangeantes les unes que les autres : peloton de garde perdu dans la neige, abris souterrains surpeuplés, tableau du racket organisé par l'armée d'occupation, mariage célébré par une députée de la Nouvelle Russie. Dans son escalade grotesque et glaçante, le film est à ce moment-là assez désagréable à regarder et pleinement édifiant.
Du point de vue de la mise en scène, c'est magistral (Prix de la mise en scène à Un certain regard à Cannes 2018), et on est scotché par la dernière scène, contrepoint sinistre de la première. Du grand art, pas forcément facile à regarder.
http://www.christoblog.net/2018/09/donbass.html