Ah vraiment, j’adore me faire autant mal en voyant un navet de cette acabit. Un légume de cette taille, c’est paré pour nous faire gagner le trophée Vegetables de Wallace et Gromit ! Pratiquement tout dans ce film est mauvais. Que ce soit en termes de dialogues, de scénarios, de personnages, de thématiques… Il n’y a que quelques courts passages où la direction artistique tient à peu près la route… avant d’être saccagée par les acteurs. En effet, dans cette production, tous les acteurs semblent s’être lancé un défis : celui qui cabotinera le plus. Et autant dire que sur ce point, il convient de rendre hommage à Jeremy Irons, qui nous livre la prestation la plus atterrante de sa carrière (dans Eragon, il est d’un sérieux papal à côté).Pendant l’intégralité du film, il semble obligé de faire des grimaces à tout bout de champ pour bien montrer le côté vicieux de son personnage. Le final est à ce titre un régal, où il gesticule à tort et à travers en prononçant des syllabes qui ne veulent rien dire et en tirant des têtes de pédophile en pleine cours de récré. Un cabotinage monstre qui rend immédiatement Donjon et Dragon inoubliable.
Mais la réussite de l’entreprise ne lui revient pas entièrement. Il faut également remercier chaudement Marlon Wayans qui se dévoue totalement au rôle du pote black de service. Il est juste insupportable du début à la fin du film, un vrai plaisir masochiste de le voir aligner toutes ces grimaces anachroniques (il passe son temps à gesticuler, et quand il se retrouve en face d’un méchant, il balance de la tchatche comme les noirs savent en faire à Hollywood (mais mec, arrête, je ne veux plus jouer là, c’est infantile !). Un vrai side kick comme on en fait par dizaines dans l’industrie, sauf que là, on retient bien sa performance, et elle reste gravée en mémoire pendant de longues années. Vient ensuite le héros, aussi concentré pendant ses scènes d’émotions que pendant ses crises de constipations sur le trône, la magicienne qui tire des tronches phénoménales quand elle n’est pas sensée parler, et le nain d’une taille tout à fait normal (il est simplement un peu plus petit que le héros). On notera toutefois la performance de Bruce Payne, qui fait un Damodar tout en finesse avec ses lèvres bleus et ses airs de soumis ( il semble prêt pour rejoindre le donjon, mais pas avec des dragons, plutôt des drag queen en fait). Et puis, comme il ne sait pas courir, il n’arrive jamais à rattraper nos héros, qui profitent de chaque escapade pour faire des moulinets et lancer des anachronismes qui viennent rehausser la teneur lénifiante des dialogues. On rajoute à ça une gestion du temps calamiteuse (en 4 jours, nos personnages ont parcouru l’empire, infiltré la guilde des voleurs, retrouvé l’artefact le plus puissant du scénario et sous revenus au pas de course), et de nombreux seconds rôles qui sortent eux aussi du donjon de Damodar.
Effet garanti, la fistinière approuve ! Bref, en voyant le film sous un angle pervers, on découvre un monde fascinant : celui de Donjons et donzelles ! Le chef des voleurs tripote nos héros, Nestor s’enduit les mains de graisse dans l’arrière plan en lançant des moues aguicheuses au héros, le figurant à l’appendice frontal (imaginez à quoi il peut servir) se lèche les babine, Profion (demandez vous ce qu’il aime, toujours à rester droit comme un i) se frotte un sceptre lumineux sur le visage dans une posture indécente, pendant que Damodar viole la magicienne par les oreilles, une première dans le genre ! Donjons et donzelles, on approuve, par contre, avoir appelé ça donjons et dragons, on ne saurait cautionner telle ignominie. Aberration à bien des niveaux, le film est finalement une sorte de purge délétère qui tente de faire illusion, mais ça ne prend pas. Pour notre plus grand plaisir.