Non, non et non, Donjons & Dragons version 2023 n'est pas un bon blockbuster. J'en veux à la note moyenne actuelle de Senscritique (6,7 au moment où j'écris ces lignes) et aux quelques critiques dithyrambiques que j'ai pu lire et qui m'ont poussé à aller au cinéma. J'en veux à ma crédulité, moi qui oublie que dès que le budget d'un film dépasse les 100 millions de dollars (150 millions ici) c'est qu'on a fait l'impasse sur le scénariste. J'en veux à Netflix, qui aurait du produire ce Donjons et Dragons version 2023 qui ressemble à tout ce que les plateformes nous pondent tous les mois ou presque. Mais le cinéma est à nouveau populaire, et c'est justement le moment de réhausser un peu le niveau des locomotives qui amènent du monde en salles, ce que ne fait pas ce film.
Non, D&D 2023 n'est pas drôle,
À moins que vous trouviez encore drôle l'humour Marvel, les personnages de voleur au grand coeur et les plans qui se passent avec accrocs, ce film ne vous fera pas sourire. Les tentatives d'humour tournent uniquement autour d'une répartition des rôles décalée : le magicien n'est pas fort, le Héros ne sait pas se battre mais joue de la harpe, le soldat est une femme badass qu'il ne faut pas emmerder : tout a déjà été vu, en mieux ailleurs. En plus de rater son objectif, l'humour permanent enlève tout poids au récit et aux rares évènements dramatiques. C'est un classique du Blockbuster moderne dont il faut revenir je pense.
Non, D&D 2023 n'est pas rafraîchissant,
Le film ne se pose jamais, et la voix omniprésente de Chris Pine est terriblement entêtante. On passe d'un lieu à un autre comme dans un film d'aventure sans que le charisme d'un Brendan Fraser ou l'épique d'un James Bond vienne nous tirer de l'ennui. L'histoire semble écrite au cordeau par des scénaristes sans inspiration, ou plutôt très inspirés par la pop culture qu'on aurait bien laissé là où elle était (le passage Portal 2). Si le budget conséquent est passé dans des fonds verts plutôt agréables, qui nous font croire à ce vaste monde, on reste en deçà d'autres productions récentes (Avatar 2 est passé par là). Le casting est composé d'acteurs qui ne savent jouer qu'un rôle (suis-je suis le seul à voir Justice Smith partout en ce miment ?), ce qui ajoute un peu plus à ce déjà-vu que j'ai ressenti devant ce film. D&D 2023 se veut disruptif mais n'arrive qu'à être une nouvelle itération du blockbuster moderne. Pas d'enjeux, pas de tension, et l'envie d'accélérer des passages entiers comme je le fais trop souvent sur les DTV. Pas besoin de voir çà au cinéma.
Non, D&D 2023 n'est pas le meilleur D&D au cinéma ?
Bon, là j'y vais un peu fort. Mais malgré toutes les critiques légitimes qu'on puisse lui faire je garde une certaine affection pour la version de Jeremy Irons. D&D 2000 avait voulu concurrencer la communauté de l'anneau (et çà paraît aujourd'hui impensable vu l'écart entre les deux films) mais était au moins arrivé dans sa nullité à devenir culte. Un des plus grands nanars que je connaisse, mais avec un certain nombre de qualités, du drame, et une vraie proposition d'aventure. La version de 2023 est un film publiable qui se noie dans la masse des blockbusters divertissants qui sortent tous les mois sur nos télés. À mon sens, il n'arrivera même pas à laisser la même trace que son aîné.