On ne voulait pas y aller, on ne voulait pas... Après avoir subi l'adaptation "nanar-culte" éponyme (2000), après avoir vu trop de fois la bande-annonce assez moche, et après s'être dit que "franchement, ce n'est pas pour nous, non"... on s'est fait avoir. Donjons et Dragons est arrivé avec sa coolitude infinie, avec son humour parfaitement dosé (pas abusif), avec son envie de s'adresser autant au pro du jeu de rôles qu'au simple curieux, avec ses acteurs qui se parodient avec plaisir (Hugh Grant en pourriture bien fringuée, Regé Jean-Page en beau gosse débile, Chris Pine qui a visiblement donné son accord pour que les animateurs se fassent un délire avec sa belle gueule... On y reviendra, mais cette scène nous a fait pleurer de rire), et avec son équipe de bras cassés adorables, dont les personnages féminins font un bien fou. Si on s'attendait à ça, vraiment... On n'a pas jeté un œil à notre montre, trop occupé qu'on était à apprécier les effets spéciaux assez beaux, à s'étonner de tomber sur des mouvements de caméras audacieux (qui suivent les armes, le traveling sur les premières transformations en animaux de Doric...), et surtout à adorer cet humour décalé et jamais gratuit, qui est un fidèle accompagnateur de l'intrigue (mais ne la supplante pas, la nuance se trouve là). Que le dragon
soit obèse
, pourquoi pas, mais le brio de Donjons et Dragons est d'exploiter cette idée bas du front pour créer sa scène d'action autour d'elle, que l'héroïne soit badass à en crever (Michelle Rodriguez nous a épaté comme jamais), pourquoi pas, mais lui ajouter un
mari minuscule et doucereux
(
Bradley Cooper
, dans un caméo dont on ne se remet pas) et l'opposer à ce voleur qui est nul en toutes choses (le premier combat donne le ton), c'est une pure bonne idée. Et alors, quand le film lâche la barre, se permettant une scène d'humour d'une idiotie accomplie et surtout assumée (lorsque Chris Pine chante..."et que ça ne se passe pas bien", pour vous garder la surprise), évidemment, on a ri, mais vraiment ri, puisque le film, jusqu'au-boutiste, revient à la charge de son gag (de pire en pire au fur et à mesure des plans), nous achevant de rire, et nous confortant dans notre idée qu'on tient là la meilleure scène du film. On a un peu plus tiqué sur la BO (on n'est pas fan de cette chanson de Mylène Farmer), et sur la cohérence du scénario, avec quelques questions comme :
"pourquoi Doric ne se transforme pas en oiseau pour traverser le gouffre de lave ?", "pourquoi la bande n'aide pas Xenk à combattre les morts-vivants ?"
(entre l'honneur et le fait de voir mourir le seul gars qui peut aider à la quête, le choix est pourtant vite fait de notre côté)... Alors oui, le film s'oublie régulièrement dans sa logique, mais s'il le fait, c'est qu'il est trop occupé à être généreux avec nous, à nous parler avec la même envie qu'on soit un pro ou un novice (on ne s'est pas senti à l'écart), à ne pas nous prendre pour des gamins de quatre ans avec un humour qui est (pour une fois) bien dosé, à exploiter à fond chaque idée bébête jusqu'à ce qu'elle finisse par être un concept fort, à tailler sur mesure un rôle adorable pour Sophia Lillis (qui nous avait déjà fait fondre dans Uncle Frank), un rôle ultra-badass pour Michelle Rodriguez (géniale), et surtout à jouer avec la tronche de Chris Pine (meilleure scène du film).