Dans "Donnie Darko", il est question de schizophrénie. Il est aussi question de voyage temporel. De banlieue américaine sans histoire. De bigots. De malêtre adolescent. D'un fluide étrange. De lapin géant. D'apocalypse. Et de bien d'autres choses encore. Dans "Donnie Darko", on trouve du David Lynch pour son ambiance étrange, pour le vernis immaculé renfermant de bien vilaines choses. On trouve du Paul Thomas Anderson pour ses destins croisés autour d'un même évenement. On trouve du John Hugues pour sa vision désenchantée de l'adolescence. On trouve de tout dans "Donnie Darko" mais sans que cela ne paraisse surchargé. Instantanément culte au moment de sa sortie, "Donnie Darko" est le premier film de Richard Kelly. Un véritable petit génie qui va mélanger dans sa marmitte des influences diverses pour mieux créer sa propre mythologie. Maîtrisant aussi bien la mise en scène que la narration, il nous offre un trip de près de deux heures dans l'Amérique des années 80, au son d'une bande originale furieusement rétro, brossant les portraits de personnages souvent attachants, parfois détestables, tous réunis autour d'un même personnage, anti-héros névrosé suivant le lapin blanc dans son terrier jusqu'au sacrifice final, jusqu'à la fin du monde. De son monde. "Donnie Darko" est un concentré de cinéma, une oeuvre magistrale, portée par un casting exceptionnel dont on retiendra LA révélation: Jake Gyllenhaal. "Donnie Darko" est une oeuvre complexe, qui laisse beaucoup de questions sans réponses. Des réponses qui viendront partiellement tout au long des films suivants de Richard Kelly, ses trois long-métrages actuels formant un tout, une sorte de trilogie de la fin du monde dont "Donnie Darko" serait la pièce centrale.