Quel bonheur et quelle expérience unique de découvrir ce chef-d'œuvre (version Director's Cut), et de savoir que je l'apprécierai encore plus à chaque revisionnage. Qu'il provoquera sûrement à chaque fois la même émotion, et poussera sans doute mes réflexions encore plus loin à chaque fois.
C'est un film profondément humain, multi-genres, porté par une galerie de personnages très attachants. Appuyé par des trouvailles visuelles inventives et intéressantes (la scène d'intro avec les ralentis, la scène du ciné...), mais aussi par la sublime ost de Michael Andrews (entre piano délicat et poétique pour les thèmes de Donnie ou Gretchen dans les moments plus calme et contemplatifs, et discordances électroniques étranges et inquiétantes pour les séquences d'hallucinations/apparitions). Tour à tour absurde, drôle, émouvant, étonnant, effrayant, triste, déchirant, réconfortant - comment ne pouvait-il pas automatiquement rejoindre les rangs serrés de mes films favoris ?
Un peu à comme les univers parallèles du film, ou l'image du chat de Schrödinger (je conseille l'analyse qu'en a récemment faite Le Cinématographeur sur Youtube), je pense que plusieurs interprétations du film peuvent tout à fait coexister, en tant que plusieurs strates qui s'entrecouperaient et s'entremêleraient tout au long de celui-ci : lecture fantastique (avec voyage dans le temps et univers alternatifs), lecture "coming of age" (associée aux thèmes de la santé mentale et d'une violence dirigée vers les autres et vers soi-même dans un monde tout aussi instable), lecture philosophique et/ou spirituelle (avec les thèmes de l'acceptation de la mort, prédestination ou déterminisme VS libre-arbitre), etc... A mon sens, chacun peut choisir (en prenant bien sûr en compte les éléments du film) l'interprétation ou la lecture qui lui semble la plus marquante, la plus pertinente... Exactement comme pour Donnie, c'est à nous revient la décision finale : chat mort, chat vivant ? Lecture A, lecture B, ... ? On fige la réalité en faisant notre choix. Mais on peut très certainement nous aussi revenir en arrière, et revisionner le film avec une lecture encore différente de celle qu'on avait eu précédemment. Je n'exclus pas que ça soit aussi mon cas la prochaine fois.