Un véritable conte fantastique, enchanteur et mélancolique. Non sans humour, Tim Burton dépeint ici l'histoire d'un être intriguant et mystérieux, qui peine à trouver sa place dans un monde où la superficialité et la mesquinerie ont la part belle. Un monde qui scrute chaque fait et geste, où les ragots et messes basses ont parfois l'air d'un sport national, où la curiosité morbide ne tarde pas à faire place au mépris, à la désapprobation et au rejet de tout ce qui est différent et ne rentre pas dans le moule bien ordonné de notre société.


Cette histoire, c'est d'abord celle d'Edward, personnage reclus à l'allure gothique, pas vraiment humain et pourtant si proche de nous, et dont la vie est marquée par la tragédie. D'abord recueilli et se voyant offrir la promesse d'une vie meilleure, soudain exposé à tous les regards, sa différence devient ensuite une véritable malédiction. Traité tantôt comme un vulgaire larbin, un bouc émissaire, un objet sexuel, un animal de foire, un monstre à abattre. De rares moments de bonheur viennent apporter un peu de lumière et d'espoir dans le sombre quotidien d'Edward, d'abord à travers la famille Boggs qui accepte sa différence et l'encourage dans sa créativité, et plus particulièrement grâce au personnage de Kim. Le récit se mue alors en magnifique mais déchirante histoire d'amour. C'est là qu'à mon sens Tim Burton révèle véritablement ses talents de réalisation, à travers l'instauration d'une atmosphère poétique et romantique sublimée par des décors inventifs et des scènes pleines d'émotion dans lesquelles Johnny Depp et Winona Ryder sont vraiment touchants. La musique de Danny Elfman amplifie encore davantage cette ambiance suspendue et émouvante, notamment avec le titre "Ice Dance".

On pleure face à la succession d'événements dramatiques qui plongent inéluctablement Edward et Kim vers la conclusion prématurée de leur histoire. Malgré tous leurs efforts pour empêcher cela, celle-ci ne connaîtra pas de fin heureuse, et ce sera retour à la case départ pour Edward, à nouveau cloîtré dans la solitude et l'obscurité de sa prison, seul et dernier rempart contre la folie et la méchanceté des hommes.

EctoplasMan
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Films préférés

Créée

le 4 mai 2024

Critique lue 7 fois

1 j'aime

EctoplasMan

Écrit par

Critique lue 7 fois

1

D'autres avis sur Edward aux mains d'argent

Edward aux mains d'argent
OkaLiptus
10

Once upon a time in Hollywood...

"Bien sûr qu'il avait un nom, il s'appelait, Edward..."Autrement dit, Tim Burton. Œuvre magistrale, naïve, irrésistible, foudroyante, féerique, mais qui sait jouer du réel tout en intégrant les codes...

le 6 déc. 2023

108 j'aime

75

Edward aux mains d'argent
Grard-Rocher
8

Critique de Edward aux mains d'argent par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Aux États-Unis, dans un vieux château délabré dominant un village,vit un jeune homme, Edward Scissorhands. Cet être bien différent des autres a en fait été créé de toutes pièces. Il possède entre...

76 j'aime

6

Edward aux mains d'argent
Sergent_Pepper
8

Single Hell.

Le premier plan d’Edward aux mains d’argent est étrangement familier au cinéphile qui connait son petit Citizen Kane : même exploration d’une demeure démesurée et lointaine, même approche d’un lieu...

le 18 nov. 2016

72 j'aime

2

Du même critique

La Zone d’intérêt
EctoplasMan
8

Critique de La Zone d’intérêt par EctoplasMan

Beaucoup apprécié la photo et le travail du son qui sont les gros points forts du film, en plus de la direction d'acteurs. La maison est comme un laboratoire dans lequel se trouve la famille (dont...

le 27 févr. 2024

2 j'aime

Le Château ambulant
EctoplasMan
9

Sophie Hatter au royaume des sorciers

Un autre chef-d'œuvre de Miyazaki, regorgeant d'idées, de surprises et d'inventivité ! Tous les personnages sont vraiment attachants et hauts en couleurs, évoluant dans un paysage de conte de fée, un...

le 20 avr. 2024

2 j'aime

Mad Max - Fury Road
EctoplasMan
10

We live, we die, we ride again

Un film spectaculaire, pierre angulaire du cinéma blockbuster d'action post-apo moderne... et qui a contribué à renouveler celui-ci, lui insufflant un vent de fraîcheur inédit et plaçant la barre...

le 7 avr. 2024

2 j'aime