Donnie Darko est un film intriguant, imprévisible, mélangeant les genres, qui aborde avec tact plusieurs sujets absents de la plupart des films américains. Dans un cadre qui est à peu près le même que celui de Beauté américaine (American Beauty) sorti deux ans plus tôt, c'est-à-dire la banlieue pavillonnaire friquée d'une ville moyenne de l'est américain, on suit une tranche de vie de Donnie, de sa famille à son lycée en passant par ses séances de psychologie. Plus qu'être une excellente analyse sociale de cet environnement censément paradisiaque, le film aborde des thèmes, à travers un fantastique de pacotille, du new age, de la réalisation de soi et de l'exitentialisme. Servi par d'excellents interprètes, au premier plan desquels Jake et Maggie Gyllenhaal, sexy frère et sœur dans le film comme dans la vie, le film déroule plusieurs histoires parallèles. Il y a par exemple ce gourou mégalo, dont les enseignements sont rapportés jusque dans l'école, qui présente une version simpliste et binaire de la vie partagée entre la peur et l'amour, et sa quête de l'amour passe par l'abstinence du sexe avant le mariage, de la violence, de l'alcool et des drogues. Dénonciation dans le caricatural du conservatisme et du new age ? Oui et non, car parallèlement l'adolescent perturbé Donnie s'invente un ami imaginaire dans la forme d'un lapin, qui préconise la violence pour compenser son mal-être et son besoin de reconnaissance, dans une forme toute aussi new age.
Finalement le scénario aura raison de l'un et de l'autre, et Donnie devra se sacrifier pour éviter la destruction de son entourage
. Mais le film ne se réduit pas à cette interprètation réductrice, et offre dans une poésie soutenue par une très bonne bande-son une collection de scènes qui interloquent, interrogent et constituent un excellent spectacle diablement original et personnel.