Donnie: « ça fait quoi d’avoir un fils barjot? »
Rose: « C’est vraiment merveilleux. »
Donnie Darko est un drame psychologique/film fantastique qui ne laisse pas indifférent. Décrit comme complexe, le film raconte l’histoire d’un adolescent, Donald Darko, sujet à des troubles psychologiques. Une nuit d’octobre 1988, un réacteur d’avion s’écrase sur sa chambre. Sauvé pendant une crise de somnambulisme par son ami imaginaire, un lapin à crâne squelettique, il obéira en échange de sa vie à ce dernier, qui lui prédira également la fin du monde qui surviendra le 30 octobre de la même année.
Plutôt difficile à cerner, le film exploite le concept de réalité, avec ce que le réalisateur aime appeler l’univers tangent. Par définition: Le temps est une construction stable mais lorsqu’il y a une brisure dans sa continuité, l’univers tangent se forme et ne durera qu’un certain temps avant qu’il ne s’effondre sur lui-même. C’est une corruption du temps par rapport à notre univers, l’univers primaire. L’univers (primaire) étant l’ensemble de tout ce qui existe. Le film, nous laissant libre interprétation, il est, de ce fait, peu aisé de savoir à quelles scènes correspondent univers tangent et univers primaire.
Donnie Darko est une œuvre existentialiste qui se thématise par la croyance (par le miracle, le thème de la religion, le sacrifice) , la solitude, la peur, et se sous-thématise par l’exploitation du songe et le mystère entourant le voyage temporel . La peur, qui est d’ailleurs surreprésentée dans ce métrage, par une prof de gym (Beth Grant, qu’on retrouvera plus tard en directrice du concours de Little miss Sunshine) obsédée par un coach joué par Patrick Swayze.
Le personnage de Darko, l’air blasé, amorphe est appelé durant ses nuits par son ami, un lapin flippant, une sorte de mauvaise conscience, néanmoins pas bien méchant, pour qui il exécutera tour à tour ses ordres. De ce point, le démarquage des univers se réalisera par le biais de celui qui regarde le film. Est-ce un songe? Est-ce la réalité? Est-ce vraiment en train de se produire? Est-ce que la fin du monde a bien eu lieu ce 30 octobre 1988? (dans l’univers du film donc.)
Le film est construit comme une allégorie et donc, se structure sur des métaphores. L’apparence de Frank, des appendices en images de synthèse représentant une action à exécuter, un objectif à atteindre ou une envie de procéder à quelque chose, des repères que Donnie s’attribue pour se l’imaginer et les identifier comme « réels » , dans son « hallucination consciente » décrite par sa psychiatre, etc…
« Donnie Darko » débute là ou il est censé se conclure et se conclut là ou il débute. Le film laisse dubitatif (pas dans le mauvais sens du terme) et vous laisse faire votre propre interprétation de ce que vous avez eu devant les yeux pendant un peu moins de deux heures. Dans le fond, c’est l’histoire d’un ado un peu fou sur les bords à qui il arrive un malencontreux accident. De ce fait, l’histoire est très simple mais par ailleurs assez complexe. Et puis, si elle se serait arrêtée là, ça aurait été bien triste. Pour le monde du cinéma comme pour nous.
Il existe une version « Director’s Cut » prolongeant le film de vingt minutes supplémentaires. L’ordre des musiques y est changée, il y a (forcément) des passages en plus pour éclairer certaines zones d’ombres et le tout est ponctué de passages du « La philosophie du voyage dans le temps » de Roberta Sparrow (aka Grand-mère La Mort). Une telle version démystifie un film de ce type, parce que c’est le questionnement et le doute laissés par le visionnage qui lui donnent tout son sel.