La cinquantaine, une allure massive sous sa coupe de cheveux martiale, Maria Garcia fait tourner l'usine familiale de téquila, en supervisant toutes les étapes, de la récolte de l'agave à la mise en bouteilles. Dos estaciones ressemble pendant un long moment à un documentaire, avec sans doute des acteurs non professionnels pour interpréter la plupart des rôles secondaires, à commencer par les employés de la fabrique. Hormis une sous-intrigue s'intéressant à une coiffeuse trans, le film semble comme happé par la puissance dégagée de son personnage principal, solitaire et cachant une fragilité liée non seulement à son tempérament profond mais aussi aux difficultés financières de son entreprise. La plupart du temps contemplatif et riche en non-dits (le flirt avec une nouvelle collaboratrice), Dos estaciones ne s'emballe vraiment que dans ses scènes finales mais la violence y est moins radicale que dans nombre de longs-métrages mexicains de ces dernières années. C'est plutôt le crépuscule d'un certain savoir-faire et de méthodes de travail dont le film rend compte, dans le contexte d'une mondialisation sans pitié. Tequila Sunset, en d'autres termes. Vue notamment dans l'excellent La Camarista, en 2019, l'actrice Teresa Sánchez a une manière d'habiter son rôle, véritablement impressionnante.