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Double Down
3.2
Double Down

Film de Neil Breen (2005)

On a bien fait de terminer ce WE nanar par l'apothéose breenienne, sinon tout aurait paru bien fade après cette nouvelle plongée dans les méandres d'un créateur torturé. Bon, Baracuda a fait un résumé plutôt satisfaisant du script (enfin, de que l'on peut parvenir à en entrapercevoir en s'y mettant à 2 cerveaux), si l'on excepte cette singulière séquence dans laquelle une femme fait volontairement entrer en collision son caddie de supermarché avec la voiture de Neil, afin de coller (avec un chewing-gum) un mouchard sur l'aile avant, tout ça sous le regard scrutateur d'une autre femme dans une autre voiture, conservant la preuve du méfait sur son caméscope familial. Heureusement, le scénario nous évite de trop réfléchir aux implications de tout cela, car la caméraman du dimanche est alors abattue d'une balle dans la tempe (l'occasion de déployer les talents de truqueur de Neil). Pourquoi, par qui, dans quel état Breen ?


Sur le fond, "Double Down" confirme encore plus le lien qu'entretient Neil Breen avec Tommy Wiseau : voici des écorchés de la vie, dont l'égo surdimensionné se retrouve être une gêne à la cicatrisation des blessures de leur âme (des séparations sentimentales injustes dans les deux cas) et qui ne trouvent d'autres solutions pour faire face à leur souffrance que de vouloir la partager avec leurs frères de l'humanité, les prendre à témoin dans une sorte de prise en otage cinématographique.


Alors oui, le film est profondément nul, incohérent, se désintéressant de son montage pour s'appuyer de tout son poids cérébralement mort sur un symbolisme pataud et ridicule. Oui, on souffre, on se demande quand est-ce que tout cela va enfin cesser. Oui, la moindre apparition du visage béat (ou niais, la frontière est toujours subtile) de Neil Breen donne des envies de le transformer en sac de frappe pour trolls mongoliens. Mais lorsqu'on ressort de l'épreuve, vidé, les orbites creusées, l'esprit ravagé, le corps amaigri, on se sent... bien. Apaisé. Serein. Et on bénéficie de quelques restes du narcissisme irradiant du Being en se sentant fier d'appartenir à cette élite de l'humanité qui a vu "Double Down". Et n'a pas compris le sens du titre, mais bon, faut rester humble, quand même...

Créée

le 26 avr. 2021

Critique lue 132 fois

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