Etat de grâce

Si je devais résumer le film d’Almodovar, je mettrais avant tout en avant sa grâce. Douleur et gloire assume une atmosphère à la fois mélancolique et pourtant emplie de moments très beaux, que se soit d’un point de vue technique que scénaristique. Même si j’ai parfois trouvé quelques longueurs dans le film, la prestation hautement sympathique d’Antonio Banderas, en vieux réalisateur coincé à un stade de regrets et d’amertume, porte brillamment le film de bout en bout.

Le soin de la mise en scène est simplement impressionnant, avec notamment le décor très coloré typique des films d’Almodovar, qui ici prend tout son sens dans le contraste avec l’état d’esprit et lé vécu du personnage principal. J’ai également beaucoup aimé l’une des notions du film, utilisé de bout en bout sans pour autant choquer : le hasard. Almodovar fait naître du hasard de nombreuses situations, révélations et résolutions. Mais jamais cet artifice ne dérange le déroulé et la cohérence du film. Au contraire, c’est comme si le réalisateur, car Douleur et Gloire est notoirement en grande partie autobiographique, donne l’opportunité à chacun de s’exprimer, et traite ainsi ces différentes rencontres avec beaucoup de respect.

Avec Douleur et Gloire, Almodovar fait un bilan plus ou ou moins romancée de sa vie, non pas pour en annoncer la fin - comme semble l’incarner si majestueusement Antonio Banderas - mais pour repartir de l’avant. Banderas lui-même le dit, jouant ainsi la pensée du réalisateur : il ne peut que vivre pour filmer.