Après avoir laissé le champ libre à Roman Polanski dans une adaptation théâtrale menée de main de maître par l'excellent Thierry Frémont dans le rôle difficile du Père Flynn, John Patrick Shanley, décide de mettre lui-même sa pièce en images.
En choisissant un casting 4 étoiles, il met toutes les chances de son côté. Philip Seymour face à Meryl Streep, ça ne se refuse pas ! Elle est fabuleusement odieuse, il est délicieusement tactile.
La mise en scène de Polanski était oppressante, se resserrait sur le prêtre, ne laissait aucun répit. En 25 minutes de plus l'auteur a "aéré son texte", offre des plans extérieurs qui permettent de reprendre son souffle. Le film gagne en fluidité ce qu'il perd en ambiguïté.
La pièce durait 1h20 et Polanski a fait ressortir d'une manière extraordinaire le côté ambiguë avec lequel il sait parfaitement jouer.
Non que le film en soit dénué mais clairement en insufflant un sentiment d'étouffement qui prend le spectateur à la gorge sans plus le lâcher, Roman, provoque un malaise encore plus grand.
Le côté austère et minimaliste de la mise en scène de Polanski est abandonné pour une mise en images nettement plus cinématographique.
Contrairement à ce qui peut se dire, Doute n'est pas un texte anticlérical. Il s'agit de la confrontation de deux manières d'envisager la Foi. Celle prékennedyenne de Soeur Aloyssius et celle plus moderne du Père Flynn.
Deux visions du monde !
Le Doute est bien sûr ici le centre de l'intrigue. Soeur Aloyssius s'acharne-t-elle injustement ?
Le père Flynn est-il tout simplement trop généreux, ouvert à l'autre ?
Est-il coupable de ce dont on l'accuse ou d'autre chose ?