Outch.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas affronté une telle lessiveuse mentale dont on ressort dans un état de vulnérabilité psychique te que l'on se sent prêt à intégrer la première secte croisée. La laideur atroce de la réalisation, l'absence totale de toute musique (en dehors des génériques), le montage abrupt faisant défiler de manière incompréhensible le temps de déroulé de l'histoire, tout participe à n'avoir d'autre échappatoire que se concentrer sur les interminables discours socio-politiques des personnages qui, sortie d'une fascination pour l'histoire de la Shoah pour l'une (d'ailleurs, ses enfants ne jouent pas à chat mais à shalom !!), ne paraissent avoir aucun autre centre d'intérêt. Impossible pour le spectateur d'y réchapper, on se croirait Alex rééduqué dans Orange Mécanique.
Le point de bascule pour moi survient quand l'une des nanas veut confier ses peines de cœur à Barbier qui lui prend alors immédiatement la tête sur la Lybie et les révolutions arabes. Elle semble soudain prendre conscience de l'horreur totalitaire qu'est cet envahissement de toute parole et pensée par la tyrannie de l'actualité politique du moment. Et la conclusion de cette séquence avec le quiproquo sur sa relation extraconjugale avec DSK est le déclenchement de la sous-intrigue la plus délirante du film, faut dire que personne n'avait alors imaginé lier sociale-démocratie et érotisme conjugale.
Le top reste néanmoins Biolay qui, là où les 3 autres personnages ont surtout des scènes de dialogue, se morfond quant à lui dans des soliloquies marmonnées sur les rideaux et le Levallois-Perret d'antan, tandis qu'il épie ses voisins, clope à tout rompre et vit l'effondrement narcissique en pleine nuit du Sofitel. Barbier est presque plus crédible (j'ai dit presque) malgré ses imitations de Sarkozy et ses expressions détonantes (des "crisouilles" aux "strudels trotskystes"). La meilleure réplique du film reste toutefois : "dans vociférable, y'a râble, j'ai faim, donnez moi du lapin".
On pourrait en dire encore beaucoup sur ce film concept qui provoque une expérience inédite mais bien peu accessible, reconnaissons-le. Il faut vraiment vouloir remonter aux sources d'un maelstrom de chianterie constitué de tous les pires scories du cinéma français dit d'auteur, pour enfin ressortir de l'autre côté et pouvoir dire "je l'ai fait". La réalisatrice, épouse à la ville de Barbier, nous offre un pur ego-trip de ses tourments névrotiques les plus exaspérants et de ses interrogations existentielles sur la Gôôôôôôche (en fait, les courants du PS), sans aucune prise de recul sur sa crotte qu'elle admire comme la dernière merveille du monde. Il suffit de lire son interview et son carnet de bord sur laregledujeu.org pour s'en convaincre. Du nanar total, quoi.