"12 hommes en colère" est particulièrement marqué par son origine théâtrale : unité de lieu, de temps et d'action. L'essentiel du film repose d'ailleurs sur les dialogues, peu sur l'image.


Ce serait toutefois injuste de dévaloriser le travail sur l'image de Sidney Lumet. En effet, celui-ci a travaillé cet aspect en utilisant, par exemple, des focales de plus en plus grandes pour accentuer l'enfermement, voire l'étouffement, des personnages au fur et à mesure que M. Davis déroule son argumentation. Mais ce travail sur l'image est uniquement là pour magnifier les dialogues et les rendre encore plus percutants.


Tout repose donc sur l'écriture. Mais cette écriture est particulièrement bien menée. On n'étale pas toutes les cartes dès le début mais on ne fait pas non plus d'effets de manche. De telle sorte que tout cela paraît fort plausible : le fait que, en étudiant les faits un à un, chacun, avec son expérience, puisse apporter un autre éclairage et influencer les autres jurés semble tout à fait vraisemblable.


Si des effets de manche avaient été utilisés, cela aurait détruit le côté réaliste du film. Au contraire, la façon de traiter les débats les rends vivants, passionnants et nous fait retenir notre souffle. Pour des juristes, comme pour des non-juristes, "12 hommes en colère" est une oeuvre utile. Celle-ci se fait affronter 2 visions de la justice : une expéditive, basée sur des certitudes et des préjugés, et une autre, basée sur les droits de l'homme et le devoir pour les hommes de loi (ou ceux qui en sont investi le temps d'une session d'assises) de creuser l'affaire et d'aller au-delà de ce qu'on leur donne, de toujours tout remettre en doute.


Un des professeurs de droit dont j'ai eu la chance de suivre les enseignements nous apprenait à toujours douter de tout, même de ce qu'il disait, de ne rien prendre pour acquis. En voici un bel exemple.

Elgato65
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films marquants pour un étudiant en droit et Les meilleurs films sur le système judiciaire

Créée

le 7 oct. 2018

Critique lue 203 fois

Elgato65

Écrit par

Critique lue 203 fois

D'autres avis sur Douze Hommes en colère

Douze Hommes en colère
socrate
9

Il n’y a pas de doute valable, la justice, c’est Fonda mental !

Rendons à César ce qui appartient à César : c’est Fonda le coupable du crime. Comment comprendre qu’il soit seul à estimer le jeune potentiellement non-coupable, alors que tout le désigne ? La raison...

le 18 mai 2013

331 j'aime

45

Douze Hommes en colère
Gand-Alf
10

Un coupable idéal.

Nom d'une galette au beurre, c'est-y que je viens d'arriver à ma millième critique ! Par Imogène, je me dois de marquer le coup, en m'attardant sur un classique indétrônable du cinéma, un film de...

le 12 nov. 2013

274 j'aime

24

Douze Hommes en colère
Grard-Rocher
9

Critique de Douze Hommes en colère par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Dans les années cinquante aux Etats-Unis, la cour d'un tribunal doit rendre son verdict à l'encontre d'un tout jeune homme accusé d'avoir tué de sang-froid son père. Les douze jurés vont délibérer...

184 j'aime

59

Du même critique

Scooby-Doo
Elgato65
7

Critique de Scooby-Doo par Elgato65

Je suis forcément nostalgique devant "Scooby-Doo" puisque ce film fait partie des quelques uns que j'ai énormément regardé étant enfant. J'adore son histoire, son univers. J'ai vraiment envie...

le 6 juin 2020

11 j'aime

3

La Théorie des Balls
Elgato65
7

Critique de La Théorie des Balls par Elgato65

Frenchnerd ne fait pas toujours des choses merveilleuses. D'ailleurs, je n'ai vraiment accroché qu'au "Visiteur du Futur" mais je vais pouvoir désormais ajouter une deuxième websérie à cette (courte)...

le 1 févr. 2015

11 j'aime

Le Professionnel
Elgato65
4

Pas brillant

Un film de Georges Lautner dialogué par Michel Audiard auquel je mets à peine la moyenne ? Je ne croyais pas que c'était possible et pourtant, je n'ai pas vraiment pris de plaisir en regardant "Le...

le 26 juil. 2018

10 j'aime