Dans les années cinquante aux Etats-Unis, la cour d'un tribunal doit rendre son verdict à l'encontre d'un tout jeune homme accusé d'avoir tué de sang-froid son père. Les douze jurés vont délibérer pour prendre une décision, celle-ci pouvant entraîner la peine de mort si la culpabilité de l'adolescent est reconnue. A première vue les délibérations devraient être rapides permettant à chaque juré de retourner très vite à ses activités privées. Toutefois, lors du vote, le juré numéro huit lève la main à "non coupable". Dans une chaleur torride, tout est remis en cause et les douze hommes vont devoir se montrer persuasifs et s'affronter afin de pouvoir dégager l'unanimité permettant de prononcer un jugement définitif.
Dès l'entame de l'œuvre, nous voici projetés face à la majestueuse façade du lieu de l'action: le palais de justice. Nous n'allons ensuite entrer dans cette salle d'audience que très brièvement pour assister à l'appel des jurés leur demandant alors de se retirer pour délibérer sur le sort d'un jeune homme au regard affolé, perdu. A t-il vraiment tué son père comme l'affirme deux témoins ? Tout accable ce garçon et la délibération ne sera certainement qu'une formalité. Il y a dans cette petite salle surchauffée par le temps orageux à l'extrême douze jurés avec leur propre particularité, leur propre façon de juger la jeunesse, avec pour certains l'envie d'en finir très vite pour ne pas gêner les activités de la soirée. L'égoïsme, la désinvolture et les préjugés dominent dans ce groupe de jurés venus d'horizons divers. Allez! Aucun doute pour le vote! Chacun prend sa place par numéro et le vote pour la mise à mort peut commencer. Tout serait alors terminé et la terrible décision pourrait être annoncée si le numéro huit n'avait pas levé une main perturbatrice dans ce milieu étouffant. On attendait l'orage dehors, il va arriver mais auparavant il éclatera dans la salle. Ce numéro huit, un architecte, pense que l'accusé n'est peut-être pas coupable. La soirée va se prolonger au palais de justice et les autres jurés vont devoir contre leur gré jouer les prolongations. La foudre éclate dans cette salle. Des détails égrainés par ce numéro huit commencent à faire réfléchir certains ou révolter d'autres. Le doute s'installe, les témoignages sont contestés. En fait, il est question d'un futur condamné à mort et la conscience des jurés commence à se réveiller. Dehors l'orage éclate enfin. La température baisse à l'extérieur et en même temps elle se calme à l'intérieur. Ces messieurs peuvent, après de longs moments de discutions parfois violentes dans les propos, quitter cet endroit fermé à clé avec désormais la conscience de sauver une vie. Les douze hommes en colère sont calmés. Ils sortent tranquillement du palais de justice après avoir fait part à la cour de leur intime conviction.
Rendez-vous compte qu'il s'agit là du premier film de Sidney Lumet et que cette œuvre va être une ambassadrice du cinéma pour les raisons que l'on devine. Elle est l'adaptation d'une pièce de théâtre de Reginald Rose. Ce film est tout d'abord "humain" car nous côtoyons des personnes toutes simples, banales, enfermées dans leur diversité, nous prouvant que l'unanimité n'est pas simple à obtenir lorsque chacun se préoccupe de son ego. Ensuite il faut parler de ce suspens en "vase clos", presque insoutenable, de ce film réaliste. Au-delà du génie du réalisateur il ne faut surtout pas oublier le talent des acteurs et notamment ce fameux numéro huit interprété par un fantastique Henry Fonda qui joue ce rôle en faisant ressortir beaucoup d'humanité dans ses propos, dans ses attitudes et dans son regard. Vraiment Sidney Lumet nous offre un bouquet de comédiens extraordinaires dont il serait fastidieux de citer tout les noms.
Ce film est à voir et à revoir. Le suspens et l'émotion l'emportent car les qualités, les défauts et les faiblesses de chacun nous ramènent à nous-mêmes et on peut se demander: qu'aurions nous fait en pareille situation? Un film efficace pour nous faire réfléchir tout en nous faisant passer des instants inoubliables.
- Ce film a remporté : l'Ours d'or au Festival International du Film de Berlin en 1957.