Difficile de lancer un film en n'ayant aucun à priori sur celui-ci. Aussi difficile que d'émettre un jugement sur un inconnu de façon totalement objective. Tout verdict est altéré par nos égos, notre expérience, nos origines... C'est pourquoi au moment d'entamer ce long-métrage, je me sentais emparé d'un... Doute raisonnable...
Mais avant d'aborder le contenu 12 hommes en colère, je crois que beaucoup oublient de parler de sa forme. Ce film est un chef d'oeuvre de mise en scène. L'équilibre dans les plans, les mouvements des acteurs et de la caméra sont de vraies réussites. Tout est mis en oeuvre pour que le spectateur se sente piégé dans cette pièce, où la chaleur accablante affecterait presque le spectateur. Mention spéciale également, pour le plan-séquence au début de l'oeuvre, qui plante le décor et décrit efficacement les différentes mentalités qui composeront le jury.
Du point de vue du fond, le film peut sembler simpliste: un homme seul s'oppose au jugement probablement hâtif du reste de l'assemblée et tente de changer la donne. Cependant, l'ennui n'est jamais présent. Au contraire, une envie irrépressible de passer au peigne fin tous les arguments s'empare très vite du spectateur et permet de mettre en évidence ce qui me semble être les thèmes centraux du film: l'orgueil, l'ignorance qu'ont certaines personnes de principes juridiques, tels que la présomption d'innocence et l'indifférence envers le condamné.
12 hommes en colère est un film d'une grande modernité qui pourrait encore aujourd'hui apprendre à plus d'une personne comment émettre un jugement objectif et solidement construit. Il aborde des questions telles que l'origine sociale, l'égalité des chances, et des droits. A tel point que le dénouement de ce huis-clos importe finalement peu: il s'agit ici du procédé qui y conduit.
Porté par des acteurs très convaincants et des dialogues d'une grande qualité, 12 hommes en colère est un film toujours incontournable, presque 60 ans après sa sortie.