C'est incroyable comment, avec du talent, on peut rendre 95 minutes passionnantes alors qu'il n'y a à l'écran que douze hommes discutant autour d'une table.
Douze hommes, douze jurés devant décider du sort d'un jeune homme accusé du meurtre de son père. Alors que la sentence semble acquise d'avance un de ces homme n'est pas d'accord, l'unanimité étant nécessaire il va falloir convaincre les onze autres que son point de vue est valable.
Douze hommes, douze acteurs. S'ils sont tous assez bon c'est évidemment Henry Fonda qui attire toute l'attention à lui puisqu'il est le petit rouage grippé dans la mécanique du verdict. Un homme seul face aux autres qui va démontrer que la seule chose sûre à propos de chaque preuve, chaque témoignage est qu'il y a un doute. Le doute, c'est le noeud autour duquel toute l'histoire va se nouer.
Douze hommes, un accusé. L'enjeu du film n'est pas de savoir si le prévenu est coupable ou innocent mais de savoir si sa culpabilité ne fait aucun doute. La vie d'un homme se joue à un doute près. Une subtile nuance qui fait tout l'intérêt et la force du film puisque ce n'est pas un individu qui est jugé au travers de ce film mais bien la société américaine en entier. En effet ce sont les attitudes et préjugés de jurés qui sont en procès ici.
Douze hommes, douze personnalités différentes et à travers elles ont passe en revu toutes les couches sociales. Que ce soit par conviction, par dépit, par faiblesse, par paresse, par rancoeur ou par racisme ils ont tous une raison différente et plus ou moins viable de juger le jeune homme coupable. Certains sont de bonne foi, d'autres campent sur leurs positions alors que plus aucun élément ne vient les étayer.
Douze hommes, un chef d'orchestre. A l'exception du premier et du dernier plan l'intégralité du film se déroule dans une pièce unique. Le syndrome "pièce de théâtre filmée" guette donc et pourtant Sydney Lumet prouve qu'il est bien un réalisateur hors norme. Sa caméra découpe et scrute l'escape avec soin et sans faiblir, se mettant sans cesse au service de la scène qu'elle filme. Il suffit de voir le fabuleux plan à la grue nous dévoilant les 12 jurés juste avant les délibérations pour se convaincre qu'il maitrise son sujet. Chaque débat est passionnant, chaque rebondissement est bien amené.
Douze hommes, un chef d'oeuvre, tout simplement.