L'errance de deux losers magnifiques, Jack (John Lurie) et Zack (Tom Waits) et d'un pierrot lunaire, Bob (excellent Roberto Benigni), fraîchement tombé sur terre via la comédia dell'arte.
Jarmush aime ses personnages, il expose leurs âmes en transparence pour qu'on puisse s'y jeter comme dans une eau limpide.
On s'identifie, on s'émeut, on s'apitoie, on se réjouit à l'unisson de ces trois mecs qui traversent leur vie sans la maîtriser vraiment.
Sont-ils réellement rendus "down by law" ou bien la loi n'a t-elle finalement qu'enterriné un désœuvrement antérieur ?
Une fois en prison, qu'ont-ils réellement perdu ?
Ne serait-ce pas au contraire la chance de leur vie ?
Alors...l'évasion peut commencer, dans tous les sens du terme évidemment et ce roublard de Jarmush qui nous fait une évasion de prison elliptique là où d'autres auraient creusé (sans jeu de mots) le filon.
Non décidément, ce n'est pas un film de prison, c'est même tout le contraire.
Dès qu'ils se rencontrent en prison, Jack et Zack s'en échappent grâce au pouvoir des mots du flow de Zack, DJ d'une radio locale...
Puis Bob apporte l'humour et la vie.
Le réel est une prison dont on s'évade par l'imaginaire et le rire en catharsis.
Mais c'est l'amour seulement qui motive l'action et qui sauvera peut-être les âmes en peine.
Alors on fait des choix : rester, partir, se séparer...le film nous emmène alors dans un road movie atypique dans les bayous de Louisiane.
Je ne reviens pas sur le "style" Jarmush, cette lenteur narrative, ses travellings latéraux, son noir et blanc contrasté...tout cela participant largement au charme du film...pourvu qu'on y soit sensible.
Culte !